Écomobilité
Espaces naturels n°35 - juillet 2011
Ghislain Dubois
Directeur Tec Conseil - Association pour l'innovation et la recherche au service du climat.
L’écomobilité est l’étude puis la mise en place, généralement en milieu urbain, des modes de transports les moins polluants (Wikipédia). Appliquer cette notion aux espaces naturels demande une adaptation aux spécificités d’espaces fragiles et aux publics essentiellement touristiques. On imagine les études de flux, de tarification, les problématiques de réglementation, de partage des usages, de redéfinition des accès et du stationnement automobile que peut nécessiter le développement d’alternatives moins polluantes.
Au-delà du comment, il est intéressant aussi de réfléchir au pourquoi. En effet, le tourisme représente près de 5 % des émissions mondiales de gaz à effet de serre. Ces émissions sont appelées à plus que doubler d’ici à 2035. Qui sont les coupables ? Les transports. Et notamment l’avion et l’automobile.
Les milieux naturels et ruraux, moins accessibles en transports en commun, apparaissent particulièrement dépendants de l’automobile : plus de 80 % des Français utilisent leur voiture pour se rendre à la campagne.
Inverser cette tendance, restaurer le train et le bus dans l’imaginaire touristique comme dans les pratiques effectives, sera un grand chantier des décennies à venir. Ceci suppose d’agir :
• sur la tarification afin de restaurer une compétition plus équitable entre moyens de transports,
• sur la réglementation pour limiter le développement des aéroports régionaux,
• sur les infrastructures tel le TGV mais aussi et surtout les lignes secondaires,
• sur la qualité de service (portage de bagages),
• sur le comportemental (éducation des touristes),
• sur le développement de produits de « tourisme lent » comme le tourisme fluvial ou la randonnée…
Quelle peut-être la place des gestionnaires d’espaces naturels dans cette chaîne du transport en commun que, comme la chaîne du froid, il ne faut pas briser ? Nos gestionnaires se trouvent en bout de chaîne : une fois arrivé à destination, le visiteur va se déplacer pour ses activités. S’il ne lui est pas proposé d’alternatives locales, il décidera de prendre sa voiture. D’où l’importance de promouvoir les circulations douces et de le faire savoir.
Les moyens vont ensuite varier, entre un site très fréquenté capable de mettre en place des navettes régulières (lac des Bouillouses, Pyrénées orientales) et des sites plus restreints pour lesquels le vélo, une marche à pied bien accompagnée (itinéraires, signalétique) et un mélange de dissuasion active et passive (éloignement des parkings, péages) peuvent permettre d’atteindre une répartition plus équilibrée des moyens de transport.