L’indice de biodiversité potentielle

Un indice pour diagnostiquer l’état écologique des forêts exploitées

 

Espaces naturels n°36 - octobre 2011

Le Dossier

Pierre Gonin
Institut pour le développement forestier
Carole Zakin
PNR des Bauges

L’indice de biodiversité potentielle répond à un besoin : évaluer facilement la biodiversité taxonomique ordinaire. Simple et rapide, l’outil permet de diagnostiquer les facteurs améliorables par la gestion.

© Pierre Gonin

Pour intégrer la biodiversité dans ses choix techniques, le gestionnaire doit l’évaluer, ce qui nécessite des compétences pluridisciplinaires approfondies visant à réaliser des analyses fines. Or, la plupart des forêts ne peuvent pas faire l’objet de telles études, d’où la mise au point, en 2009, de l’Indice de biodiversité potentielle (IBP)1. Celui-ci permet d’évaluer facilement la biodiversité taxonomique ordinaire, par le biais de la description des facteurs responsables de la diversité interne des peuplements forestiers.
Comme son nom l’indique, l’IBP ne préjuge pas de la biodiversité réellement présente, mais cet indicateur indirect évalue la capacité d’accueil en espèces et en communautés. Simple et rapide, l’outil permet ainsi de diagnostiquer les facteurs améliorables par la gestion.

Dix facteurs à noter. L’IBP repose sur la notation de dix facteurs :
• sept sont liés au peuplement et à la gestion forestière : richesse en essences autochtones, stratification, densité de bois morts, de très gros bois et d’arbres porteurs de micro-habitats, présence de milieux ouverts,
• trois sont liés au contexte : continuité temporelle de l’état boisé, diversité des milieux aquatiques et rocheux.
À chaque facteur, une note est attribuée sur le terrain. Cette note cotée de 0, 2 ou 5 varie en fonction d’une échelle de valeurs seuils. Elle est arrêtée au cours d’un parcours rapide (environ quinze minutes par hectare) qui ne nécessite pas de mesures complexes.
L’IBP est composé de deux valeurs :
• la première totalise les valeurs obtenues par les facteurs liés au peuplement et à la gestion forestière,
• la seconde par ceux liés au contexte. En additionnant les deux valeurs absolues, on obtient l’IBP total.
L’indice peut être exprimé en pourcentage de la valeur maximale théorique. Ceci permet d’évaluer plus aisément le niveau de biodiversité potentielle. Cependant, 0 % ne signifie pas que la capacité d’accueil est nulle, mais qu’elle est faible ; de même, 100 % n’indique pas que la capacité d’accueil est maximale, mais qu’elle a atteint un niveau significatif.
La comparaison des indices doit intégrer une imprécision, estimée à 5-10 % pour des relevés par parcours en plein.

Sous forme graphique. Cette note peut être représentée sous forme de graphiques radar (voir schéma). Cette représentation est destinée à favoriser le diagnostic des facteurs qu’il serait souhaitable d’améliorer, la comparaison de peuplements et leur suivi dans le temps. Le graphique est réalisable sous un tableur disponible sous internet. 

Développement. L’IBP est utilisé par différents gestionnaires, en particulier dans les parcs naturels régionaux qui travaillent au côté du Centre national de la propriété forestière à son développement.
Différentes actions sont engagées : inventaire sur 800 ha de forêts méditerranéennes dans le PNR du Luberon, révision d’un aménagement forestier en site Natura 2000 dans le PNR du Massif des Bauges, réalisation d’un plan d’approvisionnement territorial dans le PNR de Millevaches…
La Fédération des communes forestières et les Parcs envisagent également de tester l’IBP en forêt communale pour permettre aux élus d’appréhender la biodiversité ordinaire de leur forêt.
En cohérence avec la nouvelle Stratégie nationale pour la biodiversité, l’État s’est également engagé à généraliser progressivement l’utilisation de l’IBP.

1. Développé par un groupe d’experts du CRPF, ONF, IDF, Cemagref.