Banc d’essai dans le Gers

J’ai testé le logiciel d’évaluation des Docobs

 

Espaces naturels n°16 - octobre 2006

Méthodes - Techniques

Aurélie Belvèze
Pôle environnement Adasea du Gers

 

La France doit évaluer sa politique de mise en œuvre de Natura 2000. Le ministère de l’Écologie et du Développement durable s’est donc attelé à construire un logiciel permettant d’évaluer si les mesures prévues ont été suivies de réalisation effective1. Le cahier des charges prévoit que chaque gestionnaire de site doit entrer ses données en ligne via une interface extranet. Pour chaque site Natura 2000, les animateurs doivent construire leur grille de travail (saisie initiale des objectifs) puis, annuellement, saisir les actions réalisées et les montants mobilisés. Aujourd’hui, le logiciel est achevé, il est entré dans sa phase de test. L’Adasea2 du Gers, animateur local de sites Natura 2000 (milieux humides et pelouses sèches), a participé à cette expertise en testant le logiciel une année durant. Retour d’expérience et impressions commentées…

Même pas mal ! Bien sûr, il a d’abord, été nécessaire de « se faire la main » et de se familiariser à la fois avec le fonctionnement du logiciel et avec les termes employés. Cependant, pour les personnes habituées aux « bases de données », l’ergonomie de l’outil est assez intuitive et la première approche se révèle plutôt simple.
La difficulté vient ensuite, au fur et à mesure que l’on progresse dans la saisie initiale et notamment celle des onglets relatifs à la gestion du document d’objectif (Docob). Ce passage se révèle le plus « épineux », rébarbatif disent certains. On le comprend, il faut faire des choix d’architecture qui figeront les saisies à venir. Lourde responsabilité ! La difficulté principale réside dans le fait de s’approprier l’arborescence du logiciel et de s’accorder sur le sens des mots : objectif stratégique, objectif opérationnel, mesure… Il est rare en effet, que la rédaction du Docob reprenne les termes exacts du logiciel ! Nous avons dû nous replonger (sans s’y noyer) dans la lecture de notre Docob afin de retrouver, dans l’architecture
de celui-ci, ce qui pouvait « coller » avec l’arborescence-type du logiciel. À coup sûr, même celles et ceux qui connaissent leur Docob sur le bout des doigts devront faire de même. Sans doute les documents d’objectifs à venir tiendront-ils compte de la terminologie du logiciel. Cela facilitera grandement le travail des gestionnaires.
D’autres difficultés ont surgi quand nous nous sommes aperçus qu’il était nécessaire de ne pas multiplier les lignes : il fallait alléger la saisie. Aussi, après réflexion, nous avons opté pour le regroupement des objectifs ayant la même finalité, même s’ils concernaient des espèces ou des milieux différents. Ce fut parfois un vrai casse-tête mais notre Docob le
permettait. Par exemple, l’objectif stratégique « Maintenir et développer les milieux ouverts et prairies » était commun à différentes espèces : la cistude (code C1 dans le tableau), les chauves-souris (code CV1) et la lamproie de Planer (code LPP3).
Mais plus loin encore, une autre difficulté : comment faire en sorte qu’une mesure soit affectée à un seul objectif ? En effet, de même qu’un objectif peut être commun à plusieurs espèces ou habitats naturels, une mesure peut répondre à différents objectifs. Il nous a fallu déterminer l’objectif pour lequel la mesure semblait « la plus stratégique ». Il faut l’avouer, quelquefois, ce choix fut purement arbitraire !
Voilà, nous avons passé le plus dur. Le reste n’est que saisie annuelle. Presque la routine…

1. La maîtrise d’œuvre a été réalisée par l’Atelier technique des espaces naturels.
johanne.lievin@espaces-naturels.fr

2. Association départemen-tale d’amé-nagement des structures des exploitations agricoles.