Des moyens à la hauteur des enjeux ?

 

Espaces naturels n°44 - octobre 2013

Édito

Pierre Weick
Directeur de la Fédération des parcs naturels régionaux

L’automne arrive, et les gestionnaires d’espaces naturels portent légitimement des interrogations sur l’avenir. De quels moyens disposeront-ils en 2014 pour défendre les intérêts de la biodiversité au sein des politiques publiques ?
Il y a un an, lors de la conférence environnementale, le Premier ministre rappelait que « l’écologie n’est pas un frein ou une contrainte ; elle est un puissant levier de croissance, de compétitivité de nos entreprises et d’amélioration de notre bien-être collectif ». Il affirmait la transition écologique et la préservation de la biodiversité comme priorités nationales.
Pourtant, dans un contexte économique certes difficile, les gestionnaires s’inquiètent des restrictions budgétaires annoncées dans le cadre de la préparation du projet de loi de finance ainsi qu’au niveau européen.
Au niveau national, les différentes lois en préparation ou en débat auront des impacts directs sur la conservation de la nature (loi biodiversité, loi urbanisme, loi d’avenir de l’agriculture, loi cadre sur la transition énergétique, loi de décentralisation…). S’il est essentiel que ces lois fixent un cap nouveau en adaptant nos modes de vie et de développement, dans une logique plus vertueuse et bénéfique pour l’environnement, il est indispensable que les financements soient à la hauteur de ces ambitions.
Mais dans un contexte budgétaire contraint, nous savons déjà qu’il faudra que les moyens financiers privilégient la poursuite de programmes phares sur lesquels nous sommes engagés tels que Natura 2000, la Trame verte et bleue, les Zones humides, les aires protégées… et confortent l’ingénierie de terrain indispensable à la réussite de ces programmes.
Au niveau européen, seules quelques régions placent aujourd’hui l’objectif thématique 6, « Protéger l’environnement et promouvoir l’utilisation durable et rationnelle des ressources », parmi leurs visées prioritaires pour les nouveaux fonds structurels ; pourtant, ces derniers constituent un levier essentiel des actions en faveur de la nature, en complément des financements de l’État et des collectivités territoriales.
Les gestionnaires se sont mobilisés dans les processus de concertation, pour que les ambitions se traduisent en termes de financements alloués à la biodiversité dans les programmes européens 2014-2020. Ils doivent redoubler d’effort et multiplier les interventions tant qu’il est encore temps.
Toutes les lois et autres dispositifs n’y suffiront pas sans un minimum de moyens.
Souhaitons que les Investissements d’avenir et la nouvelle fiscalité écologique viennent également en appui des actions de préservation et de restauration de la biodiversité qui sont facteurs de développement économique et de création d’emplois. •