Comment gérer les pannes dunaires
Espaces naturels n°35 - juillet 2011
Vincent Pilon
Chargé de mission Syndicat mixte Eden 62
Olivier Pelegrin
Chef de projet Bureau d’études Biotope
Les pannes dunaires, souvent peu étendues, sont essentielles au maintien de la biodiversité et de la qualité des milieux dunaires. Seule une gestion adaptée et évolutive permet de conserver cette fonction de réservoir à long terme.
La dune change au gré des vents et des marées. Dans ces conditions, comment intervenir en faveur de la préservation des pannes dunaires ? Quelles techniques permettent, par exemple, de respecter la flore si particulière de ces milieux, liée à la dynamique sédimentaire naturelle ?
Fixer l’enjeu. Avant toute chose, les gestionnaires auront soin de réaliser un bilan écologique de la dépression dunaire. Ils chercheront à définir leurs potentialités au regard des habitats naturels (phytosociologie), de la flore indicatrice et remarquable mais également de la faune présente. Le regard portera également sur les niveaux d’eau afin de suivre les fluctuations de la nappe (règles limnimétriques et piézomètres). En fonction des potentialités, les enjeux sont alors définis à l’échelle du territoire, puis pour chaque panne. Plusieurs techniques peuvent répondre à l’objectif fixé.
Enjeu floristique. Si l’enjeu est floristique, l’entretien peut être mené par un pâturage extensif. Ou encore par une fauche exportatrice (résidus de fauche exportés favorisant une flore diversifiée) à partir du mois d’octobre, période de repos du sol et des espèces. Sa fréquence sera annuelle voire biennale selon la végétation. Dans le cas d’un programme de restauration, des opérations de bûcheronnage, d’étrépage, de débroussaillement et de fauche exportatrice (selon le stade d’évolution de la panne) peuvent être réalisées pour favoriser l’expression de la banque de graines mais également l’augmentation du taux d’humidité.
Enjeu faunistique. Les interventions vont dépendre de la présence des espèces animales et du stade d’évolution de la panne. Ainsi, des pannes totalement ou partiellement boisées pour le Vertigo agustior peuvent être conservées, tout comme une strate herbacée plus haute peut être favorisée pour d’autres espèces comme les odonates.
Enjeux multiples. De nombreuses pannes présentent plusieurs enjeux. Une gestion différenciée peut alors être envisagée avec, pour exemple, la conservation d’une partie de la panne embroussaillée et la mise en place d’opérations de fauche exportatrice annuelle sur l’autre partie, en laissant des zones refuges pour l’entomofaune. Cette gestion différenciée peut également se traduire par un pâturage extensif dont les modalités sont à définir (type de pâturage, période, charge).
Suivis. Il est important d’évaluer l’évolution des pannes. Plusieurs types de suivis sont réalisés chaque année, ou tous les deux ou trois ans en fonction de la réactivité du milieu aux interventions. Ces suivis concernent les fluctuations des niveaux d’eau, le dénombrement d’espèces végétales indicatrices et à haute valeur patrimoniale tel le liparis de Loesel ou encore les populations d’odonates ou d’amphibiens. Ce suivi est réalisé en comparaison du diagnostic à l’état zéro.