Un plan national au secours des chauves-souris
Espaces naturels n°1 - janvier 2003
Sébastien Yves Roué
Groupe chiroptères SFEPM Josselin Boireau
Groupe mammalogique breton
Aussi surprenant qu’il puisse paraître, on a encore beaucoup à apprendre sur les chiroptères. L’état des connaissances est loin d’être exhaustif et, du même coup, les actions de protection sont difficiles à mettre en œuvre. Le plan national fait le tour des savoirs, il offre méthodes et expériences.
Les chauves-souris montrent une grande diversité de régimes alimentaires, indique l’Universalis. Mais, ce que ne signale pas la grande encyclopédie, c’est que les connaissances sur les chiroptères ont encore des contours diffus. Jusqu’à récemment, il n’existait pas d’ouvrage synthétique faisant l’état de l’érudition et de ses lacunes en la matière. En l’absence de référent, il était alors très difficile de faire des choix d’actions pertinentes au secours des chiroptères. Heureusement depuis 1998, les choses ont changé, gestionnaires, institutions ou bénévoles disposent d’un outil de travail à travers le plan national pour les chiroptères.*
De quoi s’agit-il ?
Recommandé par un accord européen signé en 1991 notifiant la sauvegarde des chauves-souris, le ministère de l’Environnement a mandaté cinquante chiroptèrologues afin qu’ils produisent un plan de restauration. Celui-ci vise à maintenir et renforcer les populations de chiroptères en France métropolitaine. L’ouvrage ainsi produit propose un état des savoirs concernant 12 espèces de chauves-souris** mais il offre également plusieurs méthodologies pratiques que les gestionnaires pourront adapter à leur territoire spécifique.
Décliner l’ensemble du sommaire serait sans doute fastidieux, retenons que l’opuscule traite des différents aspects de la vie de ces animaux. Déplacement, hibernation, reproduction, alimentation, territoire de chasse, gîte… Les facettes de la biologie et de l’écologie sont ainsi abordées. L’approche réglementaire n’est pas non plus oubliée. Cet état des connaissances est le résultat d’un travail de compilation systématique et synthétique de la production française et étrangère. On découvre ainsi, par exemple, que personne en Europe n’a fait d’étude sur le régime alimentaire du rhinolophe euryale. Comment alors protéger une espèce dont on ne peut étudier le territoire de chasse ? Pour pallier cette absence de connaissance dommageable, le plan national lance l’étude. Elle est actuellement en cours.
Une méthodologie
à disposition
Partant du postulat que pour protéger les chauves-souris, il est judicieux de protéger leur gîte et/ou leur territoire de chasse, les chiroptèrologues ont développé des outils d’analyse qui serviront de base à leurs actions futures. S’intéressant au petit rhinolophe, ils ont ainsi décliné une méthodologie (cf. illustration) cartographique totalement nouvelle. Celle-ci permet de quantifier et de classifier les territoires de chasse. D’autres méthodologies sont également développées comme celles traitant du suivi des espèces.
Le plan de restauration est également accompagné d’actions et d’expériences de terrain dont les résultats donneront lieu à une évaluation en 2003, après cinq années d’étude. De quoi enrichir la connaissance mais également définir des priorités pour les années à venir. Parmi ces actions, citons par exemple, une collaboration avec l’ONF et les architectes des bâtiments de France pour faire prendre en compte les chauves-souris dans la gestion de leur patrimoine.
Résolument pratique
Le plan d’action pour les chiroptères fait également l’inventaire, région par région, des sites à protéger. La hiérarchisation étant faite en fonction de la rareté des espèces et de l’importance de leur population. 400 sites sont ainsi inventoriés, une liste de sites majeurs a pu être définie.
L’ambition des rédacteurs était de donner des outils à l’action dont, notamment, les gestionnaires des sites Natura 2000 ont besoin. Ils n’ont pas omis, non plus, de donner des idées pratiques pour mettre en place des actions de sensibilisation du grand public.
Vous désirez l’ouvrage ? Sachez qu’il est disponible auprès du ministère de l’Environnement.
* À la demande de la direction de la Nature et des paysages du ministère de l’Aménagement du territoire et de l’environnement et de la direction régionale de l’Environnement de Franche-Comté, la commission permanente d’étude et protection des eaux, du sous-sol et des cavernes et la société française pour l’étude et la protection des mammifères ont réalisé la rédaction d’un plan de restauration des chiroptères.
** Cités dans l’annexe 2 de la directive Habitats.
>>> Pour en savoir plus :
SFEPM - Société française pour l’étude et la protection des mammifères
c/o Muséum d'histoire naturelle - Parc Saint-Paul 18000 Bourges - Tél : 02 48 70 40 03 - Mél : sfepm@wanadoo.fr
CPEPESC Franche-Comté
3, rue Beauregard 25000 Besancon
Tél : 03 81 88 66 71
Mél : cpepesc.chiropteres@wanadoo.fr
Le plan national de protection des chiroptères sera disponible début 2003 dans les DIREN.