Nouvelles technologies

Simuler la vie des espèces pour aider à la gestion des espaces naturels

 

Espaces naturels n°56 - octobre 2016

Méthodes - Techniques

Jérémie Cornuau, Sylvain Moulherat , Catherine De Roincé,

TerrOïko

SimOïko est un nouvel outil d’aide à la décision pour la gestion des espaces naturels.
Il est particulièrement utile pour les phases de concertation et de planification.

Simuler la vie des espèces pour aider à la gestion des espaces naturels

Le simulateur compare les impacts de différentes stratégies d'aménagement (ici, autoroute A16 dans le Pas-de-Calais). © Alfa environnement

Représenter les espèces à l’aide de l’outil informatique pour gérer les espaces naturels pose évidemment question, car cette reproduction doit être assez réaliste et précise pour apporter une réponse opérationnelle en adéquation avec les besoins des gestionnaires. Par exemple, les outils actuellement utilisés pour élaborer les Trames vertes et bleues (TVB)1 font preuve d’une forte simplification de l’écologie des espèces et donc questionnent sur leur degré de réalisme et in fine sur leur opérationnalité.

Dans l’objectif d’améliorer la qualité de la modélisation du vivant, de nombreux travaux de recherche ont été récemment menés. Le simulateur SimOïko, outil issu de cinq années de recherche et développement, capitalise sur ces travaux. Il reproduit de manière réaliste les processus à l’oeuvre dans la vie des espèces (cycle de vie, comportement...). Son avantage pour la gestion des espaces naturels est qu’il permet d’estimer de manière fiable et précise l’état de conservation des espèces. Il permet de comprendre et mesurer l’impact de projet sur la biodiversité (voir repère).

QUELLES DONNÉES FAUT-IL FOURNIR ?

SimOïko fait vivre virtuellement les espèces au sein de paysages numérisés. Pour le faire fonctionner, le gestionnaire doit uniquement fournir l'occupation du sol (carte SIG). De sa qualité dépend la précision des résultats : plus on affine l'occupation du sol, plus la simulation sera réaliste. Le gestionnaire choisit les espèces à simuler. Plus de cent espèces terrestres (faune-flore) et semi-aquatiques (amphibiens, odonates) sont déjà préconfigurées dans le simulateur. Son extension pour les espèces aquatiques est en cours (programme Metaqua du CNRS-Sète et de TerrOïko).

UN SIMULATEUR, POUR QUOI FAIRE ?

Pour la planification territoriale (SRCE, SCoT, PLUi et PLU, requalification des infrastructures, etc.), SimOïko réalise l’identification et le diagnostic fonctionnel de la TVB ainsi que la planification de sa restauration. Dans les études d’impact, il compare, en amont de l’implantation d’un projet, les effets prévisibles de plusieurs scénarios d’implantation sur le maintien des populations. De plus, il est possible de concevoir les mesures de la séquence Éviter, réduire, compenser (ERC) sur des métriques écologiques objectives et quantifiables sur le terrain à la place du principe d’équivalence surfacique. Dans les documents d’objectifs, il réalise l’étude de viabilité des populations et fixe des objectifs précis à atteindre en termes d’augmentation de taille des populations ou de maintien des espèces.

COMMENT NE PAS S’Y PERDRE ?

L’offre d’outils de modélisation-simulation est amenée à s’étoffer dans les années à venir. Un bon moyen de ne pas s’y perdre est de se former. Ainsi, que vous passiez par un prestataire ou que vous vous engagiez dans un travail en autonomie, et quel que soit l’outil que vous souhaitez utiliser, vous serez en mesure de l’exploiter au maximum de sa capacité tout en gardant un regard critique sur les champs et les conditions d’application de l’outil. En effet, l’utilisation du bon outil de modélisation ainsi que l’interprétation des résultats relèvent et relèveront toujours de l’humain. 

Exemple de résultats fournis par le simulateur SimOïko : résultats des simulations de l'impact de l'autoroute sur les populations et les mouvements du chevreuil. Ici, deux scenarii (avec et sans autoroute) sont comparés. Les résultats servent d’aide à la décision pour les phases de concertation et de planification dans le cadre du choix des aménagements à faire sur l’autoroute pour améliorer sa transparence écologique.

 

(1) Méthode de dilatation-érosion ou méthode CRENAM, de coût-déplacement, de percolation et leur dérivés, de chemin de moindre coût et les graphes paysagés.