Valoriser, mais sans dénaturer

 

Espaces naturels n°48 - octobre 2014

Le Dossier

Maud Kilhoffer
chargée de mission
Luc Barbier
responsable de service

D’un côté, un marais Audomarois qui cherche à soutenir son développement économique et social comme l’activité maraîchère. De l’autre, la reconnaissance en Réserve de biosphère qui aboutit en 2013 (1). Les acteurs du territoire auraient pu se jeter tête baissée dans le projet de marque pour les produits du territoire. Ils ont préféré prendre le temps de la réflexion et se sont finalement engagés dans une autre voie.

© PNRCMO

Ce sont des étudiants de master qui ont été mandatés pour étudier la possibilité de créer une marque liée à la reconnaissance du territoire au programme l’Homme et la biosphère de l’UNESCO. Leur questionnement : « en quoi l’utilisation de la renommée de l’UNESCO peut-elle aider les agriculteurs à mieux se distinguer sur le marché national ? ». La particularité du milieu est déjà exploitée efficacement par le secteur touristique qui attire chaque année plus de visiteurs et qui poursuit son développement. Mais la filière agricole doit encore réfléchir à des stratégies de communication sur la typicité de ses productions issues de ce terroir original. Un titre de renom comme celui de l’Unesco pouvait donc sembler une bonne solution. Mais il faut aussi penser que le Parc naturel régional des Caps et Marais d’Opale est déjà le porteur d’une « marque Parc » dont pourraient profiter les maraîchers, et qui s’inscrit dans cette démarche. Les étudiants arrivent à la conclusion que la richesse et l’originalité du terroir, ainsi que l’affluence des visiteurs, peuvent contribuer au succès d’un nouveau signe de reconnaissance.

La création d’une marque pour les légumes du Marais serait particulièrement adaptée à la production maraîchère locale. Cette reconnaissance permettrait une communication autour du terroir, des paysages et des traditions agricoles du marais. La mise en place de cette marque pourrait conduire à une valorisation efficace des produits et assurerait un meilleur revenu aux exploitants, une visibilité de la production maraîchère à l’échelle régionale au profit de circuits courts et à réunir les agriculteurs autour de pratiques communes, respectueuses de méthodes traditionnelles et à haute valeur environnementale.

SI LES AGRICULTEURS GAGNENT BIEN LEUR VIE, ON PEUT LEUR PARLER D’ENVIRONNEMENT

Finalement, suite à la présentation du projet, les acteurs du territoire décident d’abandonner l’idée d’une marque. L’attrait pour les produits marqués « réserve de biosphère » ne serait que passager et mettrait en péril la bonne place actuelle du chou-fleur d’été de Saint-Omer sur les marchés nationaux. Le lien entre la réserve de biosphère et les maraîchers n’est pas rompu pour autant. Le travail en partenariat pour valoriser le patrimoine et améliorer les pratiques demeure. Le réseau Mab a par ailleurs engagé une démarche sur toute la France pour encourager les acteurs locaux à s’impliquer dans la vie active de leur réserve de biosphère. (cf. article p32) C’est en prônant leur engagement dans l’amélioration de leurs pratiques que les habitants et les acteurs locaux deviennent des promoteurs du développement durable de la réserves de biosphère.

(1) le marais Audomarois fait l’objet d’une animation par le PNR Caps et marais d’Opale et la communauté agglomération de Saint-Omer depuis 2002, a obtenu le classement Ramsar en 2008 et la reconnaissance de l’Unesco Réserve de biosphère en 2013.