Avenir radieux ou sombres perspectives ?
La situation des tourbières dans le monde est délicate (cf. p. 38) : certains pays ont des tourbières très dégradées (l’Allemagne…) d’autres voient certaines activités destructrices se ralentir sans que les menaces disparaissent (Norvège ou Lettonie). Par ailleurs, des pays, telle la Terre de Feu, aux tourbières en bon état, voient croître les pressions destructrices. Des organisations internationales comme le Groupe international pour la conservation des tourbières multiplient les rencontres et les interventions pour que les tourbières soient reconnues à leur juste valeur1.
Cependant, la situation française ne peut être déconnectée de celle des autres pays. En effet, nos importations de tourbe croissent, principalement depuis les pays baltes, scandinaves ou l’Irlande. Une réflexion à l’échelle mondiale est donc nécessaire, qui intègre un bon usage d’une ressource si peu renouvelable : la tourbe.
Les mesures prônées sont l’utilisation de produits de substitution à la tourbe partout où cela est possible. Et dans les autres cas, l’usage de produits à faible proportion de tourbe extraite selon des méthodes permettant
la réhabilitation des tourbières (exploitation sous eau, par petits paquets, restauration voire « réensemencement » des sites après exploitation, comme au Québec).
L’autre grande menace étant, en France, la disparition ou la dégradation de zones humides, un Plan national d’action pour les zones humides a été lancé en 1995 afin d’inverser la tendance, constatée depuis plusieurs décennies, de régression continue de ces milieux. Ce plan a pour buts : d’inventorier et de renforcer les outils de suivi et d’évaluation ; d’assurer la cohérence des politiques publiques ; d’engager la reconquête des zones humides ; de lancer un programme d’information et de sensibilisation.
Il utilise notamment comme outils cinq pôles relais zones humides, dont le Pôle- relais tourbières. Ces pôles ont pour vocation le recueil et la diffusion des informations liées aux zones humides, le soutien aux gestionnaires et l’apport de réflexions utiles à l’État et aux collectivités territoriales, dans le cadre de leurs politiques touchant les zones humides.
L’avenir des tourbières reste préoccupant. Les mesures de protection se multiplient, notamment sur les tourbières acides. Mais un changement d’échelle est nécessaire. Les grands ensembles tourbeux nécessitent souvent une gestion à grande échelle, parfois après des travaux de réhabilitation complexes. Comme dans la vallée de la Somme, où des mesures de protection d’un grand intérêt ont pris place sur de petites surfaces, il faudra trouver les moyens techniques, humains et financiers pour intervenir sur les bassins versants.
Les tourbières ne sont pas non plus isolées du reste de l’écosystème Terre. Elles sont très dépendantes des pratiques agricoles et des autres activités humaines. Elles seraient aussi parmi les premières touchées par un réchauffement marqué de la planète ou par une augmentation des apports atmosphériques, notamment en azote sous forme de nitrates ou d’ammoniums.
1. Le lecteur se reportera utilement au site web du Pôle-relais tourbières coordonnées ci-contre).
>>> Pôle-relais tourbières
Fédération des conservatoires d’espaces naturels
pole.tourbieres@enf-conservatoires.org
www.pole-tourbieres.org