Biodiversité positive

 

Espaces naturels n°43 - juillet 2013

Des mots pour le dire

Agnès Kindt
Chargée de mission pour le projet « Bâti et biodiversité positive » à l’IDDR

 

Inspirée de la bien connue « énergie positive », l’expression « biodiversité positive » est née pour désigner les constructions intégrant la biodiversité. Elle définit un espace bâti dont la conception, la mise en œuvre et la gestion permettent le maintien ou le développement d’une biodiversité, d’une biomasse ou d’une nécromasse. Il en est de même de sa possibilité de recréer des fonctions éco-systémiques équivalentes à celles que l’on trouverait sur une surface sauvage de mêmes caractéristiques, au même endroit. Pas de comparaison avant/après donc, mais plutôt avec la biodiversité potentiellement présente sur un rocher de même forme, taille et matière. Deux points nous invitent à rester vigilants. En premier lieu, le concept de biodiversité positive n’autorise pas à urbaniser des zones à haute valeur écologique. Son intérêt est uniquement d’évaluer la valeur d’un environnement bâti. Secondo, tout bâtiment intégrant des éléments dédiés à accueillir la faune et la flore (nichoirs, murs ou toitures végétalisés…) n’est pas obligatoirement « à biodiversité positive » : la biodiversité ne se réduit pas à la simple notion d’espèce.

 

Les enjeux de cet engouement sont de taille. En plus de la préservation de la biodiversité ordinaire et de l’amélioration du cadre de vie, le concept permet d’interpeller les citadins sur la biodiversité et ses services. Face à cette thématique habituellement opposée à leurs métiers, les professionnels du bâtiment sont pourtant les premiers demandeurs de démarches : la biodiversité est le parent pauvre de la plupart des référentiels environnementaux. De nombreux organismes travaillent pour y remédier – comment ne pas citer la très attendue 15e cible HQE ? L’enjeu étant d’atteindre une démarche généralisable, écologiquement pertinente, raisonnablement coûteuse en temps et en argent. Comment y parvenir alors que la seule caractérisation de la biodiversité fait encore débat ? Sur quelle échelle de temps effectuer les études et à quelles étapes de la construction ? Qui a les compétences pour réaliser ces études, et qui paye ? Comment comparer le plus justement possible des projets construits sur des sites aux potentialités différentes ? Cette liste n’est pas exhaustive ! Seul un travail pluridisciplinaire prenant en compte les compétences et contraintes de chacun permettra une co-création de conceptions nouvelles. Il est temps pour les professionnels de l’écologie, de l’urbanisme, du paysage et de la construction de se rencontrer. •