Ils en témoignent

« Considérer les intérêts des exploitants agricoles »

 
Le Dossier

Blaise Micard
Technicien Patrimoine naturel au conseil général de la Manche

 

Forte déprise agricole et reboisement naturel, le marais du Mesnil-au-Val (250 ha) perd, depuis les années 70, son patrimoine faunistique et floristique. Souhaitant préserver ce site et enrayer ce phénomène, le conseil général de la Manche a fait réaliser un diagnostic de l’activité agricole et des pratiques utilisées. Le but ? Maintenir puis développer sur le marais une agriculture permettant la conservation voire l’augmentation de sa biodiversité. Cinq pistes de travail se sont ainsi dégagées :
• Les contraintes environnementales dépendent de la valeur patrimoniale des habitats naturels et de leur sensibilité (plus elles sont élevées, plus les contraintes environnementales sont importantes). Trois types de zones ont été établis. Ainsi, sur les parcelles à forte valeur patrimoniale, le pâturage bisannuel avec un chargement moyen est préféré à un pâturage annuel très extensif. Cette solution a pour objectif de s’adapter davantage aux pratiques agricoles des exploitations environnantes susceptibles d’y mettre des troupeaux et de rendre les parcelles en déprise suffisamment attractives pour une activité économique pérenne.
• Le montant des redevances d’occupation des terrains du département sera d’autant plus diminué que les exigences des cahiers des charges seront importantes.
• Des travaux de réfection de clôture et de mise en place d’abreuvoirs sont réalisés sur les parcelles départementales. Ces aménagements ont vocation à être multipliés et complétés, le cas échéant, par des parcs de contention ou l’amélioration du réseau de chemins d’accès aux parcelles.
• Une réserve foncière pouvant être mobilisée en vue d’échanges amiables avec des terrains situés dans le périmètre de l’espace naturel sensible sera constituée par le département. Elle pourra être complétée par un aménagement foncier à vocation environnementale1 afin de faciliter les mutations et de constituer des îlots de pâturage viables sur le site.
Par ailleurs, l’étude montre que les agriculteurs intéressés par la démarche du conseil général souffrent d’un manque de reconnaissance. Le département compte y remédier et mettre en valeur le bienfait de leurs pratiques sur le patrimoine naturel du site afin qu’ils s’investissent encore davantage. Cette approche veut resserrer les liens entre les acteurs environnementaux et ceux du monde rural.

1. Avec la loi du 23 février 2005, les outils d’aménagement foncier peuvent être mis en œuvre dans un objectif environnemental affirmé.