>>> Réintroduction de bouquetins

Ensuite vient la charte vade-mecum des conduites à tenir

 
Le Dossier

 

 

 

 

 

Tout projet de réintroduction de bouquetin des Alpes et de bouquetin des Pyrénées, sur le territoire français, doit faire l’objet d’un dossier de candidature soumis au Conseil national de la protection de la nature. Il doit répondre aux exigences de la charte. Extraits…

Critères écologiques du milieu d’accueil
Le domaine vital du bouquetin se caractérise par son étendue. Il faut analyser une surface minimale de 20 km de rayon autour du point de lâcher. Les lignes de crêtes rocheuses constituent des voies de déplacement qu’il faut inventorier pour définir les scénarios de colonisation à moyen et long terme. Par ailleurs, le bouquetin a besoin de trois quartiers saisonniers de qualité écologique différente : quartier d’hiver, de printemps et d’été. Ils nécessitent des itinéraires fixes de migration qui doivent être inclus dans l’espace considéré.
Concernant les besoins écologiques, les caractéristiques de l’environnement de l’espèce peuvent être ordonnées par sensibilité décroissante, de la façon suivante : exigences géomorphologiques étroites (dominance du substrat rocheux stable morcelé ou non) à forte pente • grande superficie du territoire • maîtrise de l’usage du territoire par l’Homme (contrôle du braconnage) ; il peut d’ailleurs être nécessaire de réglementer certaines pratiques touristiques (chasse photographique, parapente…) • ensoleillement • diversité du modelé du relief ; présence d’anfractuosités, d’abris rocheux • quartiers hivernaux (les accumulations neigeuses sont défavorables) • maîtrise des multi-usages avec les animaux domestiques (ovins, caprins, chiens…) ; maîtriser la présence des chèvres, surtout en période de rut du bouquetin.
Choix des animaux
réintroduits
Nombre. Le nombre de trente individus fondateurs paraît nécessaire, de façon à atteindre d’emblée le seuil de décollage démographique. En dessous d’une vingtaine d’animaux, la mortalité accidentelle, même très réduite, suffit à déprimer durablement l’accroissement initial.
Sexe et âge. On cherchera à équilibrer le nombre de femelles et de mâles, afin d’obtenir le maximum de recombinaisons génétiques. On essaiera de respecter l’organisation hiérarchique des groupes : deux à trois mâles âgés, quatre à six mâles de quatre à six ans, six à huit mâles de un à trois ans.
Origine des animaux. Afin de garantir la diversité génétique, il sera choisi, en priorité, des animaux issus des populations naturelles de la Vanoise et du Grand-Paradis.
Période et lieu du lâcher. La période la plus adéquate est le printemps : fin avril, début mai. Il est intéressant de prélever des femelles gestantes. Outre l’apport génétique augmenté et la constitution initiale de structures sociales familiales, ceci évite le problème de séparation mère-petit à la capture. Les animaux seront lâchés près d’un escarpement rocheux, en veillant à ce que
les barres soient visibles par les
animaux.

Sur les modalités de capture
Que ce soit par piégeage ou par télé anesthésie, les opérations devront être assurées par une équipe professionnalisée. La télé anesthésie,
présentant des risques, devra être suivie par un vétérinaire.
Sur les modalités de transport
Éviter au maximum une situation stressante. Un masque sur les yeux des animaux est indispensable pendant toute la durée des manipulations. On préconisera le transport, pattes libérées, dans un véhicule-fourgon obscurci, ou en sabots individuels, de préférence la nuit. L’utilisation de l’hélicoptère pour les bouquetins non endormis est à éviter. Des tranquillisants pourront être administrés comme moyen complémentaire, par un vétérinaire spécialiste de la faune sauvage. Des mesures de contrôle sanitaire sur les animaux capturés seront effectuées.
Sur le suivi
La première année de suivi est capitale pour évaluer l’utilisation de l’espace par les animaux réintroduits et définir les lieux de surveillance ultérieure. Les techniques de marquage appropriées (bagues auriculaires au minimum, radios émetteurs recommandés) permettront de réaliser correctement ce suivi et constitueront un moyen efficace de dissuasion contre le braconnage.
Le suivi de la démographie, sur trois ans minimum, permettra d’évaluer l’adaptation de la colonie au nouveau milieu. Les paramètres de référence sont accroissement annuel : 30 % • reproduction (cabri femelle de deux ans et plus) : 0,8 à 1 par an • naissances gémellaires observées.
Sensibilisation des populations
Dès le début du projet, il est nécessaire d’envisager des actions de sensibilisation. Elles doivent comprendre des réunions d’information sur la biologie de l’espèce et les rapports qu’elle entretient avec les autres espèces sauvages ou domestiques. Ces réunions incluront des informations sur l’avancement du programme.
Enfin, des actions de sensibilisation dans les écoles, voire des échanges avec des enfants des sites de capture, sont recommandés. Ce sera l’occasion de faire circuler l’information et de rappeler la notion de protection de l’espèce.