Depuis 2003, un drôle d’engin évolue dans les espaces naturels manchois : un prototype mécanisé utile pour le broyage et l’exportation de la végétation. Il doit son existence à une réflexion commune entre un mécanicien agricole et les gestionnaires du syndicat mixte des espaces littoraux de la Manche (Symel) qui cherchent des solutions utiles pour faciliter leur travail en milieu embroussaillé.
Une étude de mécanisation menée en interne est à l’origine de ce prototype. Elle débouche sur la définition des problématiques les plus communes aux sites gérés en Manche (4 000 hectares répartis sur 350 km de côtes). Une investigation en direction des matériels déjà existants et la venue sur le terrain de machines de démonstration en vue d’une éventuelle acquisition complètent ce premier travail.
Les résultats de l’étude et la proposition de création d’un prototype, faite par le garage de mécanique agricole Digard, vont pousser le Symel à faire confiance à cette initiative privée plutôt que d’opter pour la régie.
Après avoir inventorié les problématiques les plus récurrentes sur les espaces naturels gérés, il est apparu que l’engin recherché devait pouvoir :
• évoluer dans des terrains comportant de nombreux micro-reliefs (dunes),
• évoluer dans des zones humides (zones tourbeuses, marais…),
• travailler en pente,
• ramasser la végétation broyée afin d’éviter la minéralisation des broyats dans les zones oligotrophes (landes).
L’ensemble de ces réflexions, couplées à un contexte de diminution du nombre d’agriculteurs et donc à un ralentissement de l’activité économique de son garage, amènent François Digard à créer son propre engin.
Le prototype est autotracté par un moteur de 80 chevaux et permet de traiter en moyenne un hectare par jour selon la configuration du chantier.
Les broyats sont déposés dans des zones prédéfinies par le gestionnaire. Ils peuvent alors être repris par du matériel agricole plus classique et être réutilisés (compostage, paillage).
Sur route, le prototype est tracté par un chargeur télescopique. Celui-ci sert également à charger les broyats dans des bennes agricoles pour leur transport hors du site, et à la mise en sécurité lors du travail en pente par l’adjonction d’un treuil reliant le prototype et le chargeur.
Un tel prototype offre des avantages.
• Le fait de pouvoir ramasser la végétation en un seul passage réduit le nombre de passages répétés au même endroit pour la même opération. L’intervention est donc moins traumatisante pour les sols sensibles (dunes grises, landes tourbeuses…).
• Les déplacements pour évacuer les broyats se font à la vitesse d’un tracteur, d’où un gain de temps par rapport à certains engins chenillés notamment.
• Le coût d’intervention varie de 1 500 à 2 500 e par hectare pour la Manche, en fonction de la distance de déplacement depuis le siège de l’entreprise, mais aussi de la difficulté de réalisation ou encore de la distance d’évacuation des broyats.
Au final, la recherche d’une solution locale a permis au gestionnaire d’avoir un interlocuteur qui s’intéresse et s’implique dans la recherche de solutions de gestion et de participer dans un même temps au maintien du tissu économique local. Il va sans dire que le prototype intervient aujourd’hui pour d’autres gestionnaires.