Stratégie paneuropéenne

Un réseau écologique pour le continent européen

 
Le Dossier

Henri Jaffeux
Membre du comité d’expert européens de la Stratégie paneuropéenne - Medd -DNP, chargé de mission biodiversité-aires protégées. Ancien président du comité d’expert pour la constitution du Réseau écologique paneuropéen.

 

Adoptée par cinquante-quatre États, la Stratégie paneuropéenne vise la construction d’un réseau écologique sur l’ensemble du continent eurasiatique. Depuis 1995, le réseau se construit…

La constitution d’un réseau écologique s’étendant sur l’ensemble du continent eurasiatique est l’élément clé de la Stratégie paneuropéenne de la diversité biologique et paysagère adoptée en 1995 par cinquante-quatre États, dans la foulée de la signature de la convention de Rio sur la diversité biologique. Ce réseau vise à maintenir ou à restaurer dans un état de conservation favorable les écosystèmes, habitats, espèces et paysages d’importance européenne dans toute leur aire de répartition naturelle et les facteurs environnementaux qui conditionnent leur viabilité dans les espaces protégés. Les composants du réseau doivent remplir quatre fonctions :
• offrir la quantité et la qualité optimales d’espace à des foyers de biodiversité remarquables (zones noyaux) • assurer la continuité écologique entre les zones noyaux (corridors écologiques) • protéger les zones noyaux et les corridors contre les influences extérieures potentiellement dommageables (zones tampons) • restaurer, si nécessaire et réalisable à un coût économique raisonnable, les éléments dégradés du réseau afin que ces fonctions soient remplies.
Le réseau se construit
En 1995, il s’agissait encore d’un projet quelque peu théorique. Aujourd’hui, le réseau se construit à partir des nombreuses initiatives visant l’établissement de réseaux écologiques nationaux, régionaux et transrégionaux. À ce titre, le réseau Natura 2000 mis en place au sein de l’Union européenne et le réseau Émeraude édifié selon les mêmes principes, dans le cadre de la convention de Berne, sous l’égide du Conseil de l’Europe, contribuent à son édification. Mais d’autres initiatives ont vu le jour.
Les no men’s land laissés par la destruction du Rideau de fer entre la mer Baltique et la mer Noire seront peut-être, dans quelques années, l’un des principaux corridors écologiques européens.
Dans le sud-ouest de l’Europe, une initiative pour la réalisation d’une grande liaison écologique et culturelle des monts Cantabriques aux Alpes a été lancée.
De son côté, dans le cadre de la convention alpine, une coopération est engagée entre les espaces protégés pour réaliser un réseau écologique, notamment par l’identification de corridors biologiques transfrontaliers. La convention des Carpates s’engage dans la même voie…
Sous l’autorité du Conseil intergouvernemental de la stratégie, un comité d’experts pour la constitution du Réseau écologique paneuropéen assure la réflexion, l’échange d’expériences et le suivi de sa mise en place.
Des lignes directrices pour la constitution du réseau ont été produites par ce comité. Elles sont un guide de référence utilisable par tous les acteurs concernés. Elles sont disponibles sur le site du Conseil de l’Europe avec de nombreux autres documents.
La prochaine étape cruciale pour le Conseil de la
stratégie et son comité d’experts sera la conférence des ministres européens de l’Environnement qui se tiendra en 2007 à Belgrade. En effet, selon la résolution prise lors de leur précédente conférence, à Kiev, en 2003, les principaux éléments constitutifs du Réseau écologique paneuropéen devront être identifiés et cartographiés. Dans ce but, un rapport est en préparation et des cartes sont en cours de réalisation sous l’égide du comité d’experts.