>>> Conseil général de l’Isère

Les corridors biologiques pris en compte dans les documents d’urbanisme

 
Le Dossier

Jean-François Noblet
Conseiller technique environnement

 

À l’origine du Réseau écologique départemental de l’Isère : la volonté du Conseil général de conduire une politique d'aménagement durable intégrée dans son Agenda 21. Original et unique en France, ce réseau est actuellement entré dans sa phase de mise en œuvre…

Il y a cinq ans, s’inspirant des travaux réalisés en Suisse, le Conseil général de l’Isère confie au cabinet Éconat le soin d’établir la carte des corridors biologiques de son département. Un an d’étude1 sera nécessaire pour produire une cartographie commentée aux 25 000 e , mais aussi une fiche pour chacun des 320 points de conflits identifiés2. C’est le cas par exemple des zones d’écrasement de la faune ou encore des obstacles infranchissables… Originalité en France, le Réseau écologique départemental isérois (Redi) voit ainsi le jour.
Le Conseil général s’inquiète alors de sa dimension opérationnelle. Il choisit, tout d’abord, de le faire connaître : l’ensemble des documents est envoyé aux bureaux d’études, aux cinq cent trente-trois communes de l’Isère, aux Parcs et Réserves, aux syndicats intercommunaux ainsi qu’aux associations. Par ailleurs, diverses manifestations comme le Festival de l’avenir ou encore la Conférence départementale de l’environnement sont des lieux de communication où le concept est largement expliqué et diffusé.
Mais est-ce suffisant ?
Si les services de l’État et, bien sûr, le Conseil général commencent à intégrer les données du Réseau écologique départemental (Redi) dans leurs projets, il s’est vite avéré indispensable d’œuvrer pour que les collectivités intègrent les données du Redi lors de l’élaboration de leurs schémas directeurs, Scot ou Plan local d’urbanisme (Plu). Aussi, dès qu’une commune démarre un Plu, le Conseil général lui envoie une importante documentation dans le cadre du « porter à connaissance ». Il s’agit, entre autres, de la carte des Znieff, des zones Natura 2000, des arrêtés préfectoraux de protection de biotope ou encore des stations de plantes protégées, de l’inventaire des mares, tourbières, zones humides, arbres remarquables. Le Conseil général y joint les corridors biologiques cartographiés par le Redi dans la commune ainsi que des points de conflit recensés.
Dans une plaquette intitulée Comment prendre en compte l’environnement dans les Plu, le Conseil général insiste sur la nécessité de faire établir un état initial faune, flore et environnement de la commune pour le rapport de présentation soumis à l’enquête publique. La carte détaillée des corridors doit en faire partie. Le zonage du Plu devra prévoir le classement en zone N des espaces de corridors avec un éventuel indice spécifique. Les boisements de ces corridors seront classés en espaces boisés à conserver (EBC) ou en éléments caractéristiques du paysage. Le projet d’aménagement et de développement durable (Padd) devra préciser ce qu’il est prévu de faire pour pérenniser les corridors ou réduire les points de conflit (création de passage à faune, signalétique…). Le règlement du Plu peut être l’occasion d’imposer ou de conseiller la limitation des clôtures ou leur perméabilité pour la petite faune, la création de haies champêtres ou de fossés d’écoulement des eaux pluviales à l’air libre.
En l’absence de prise en compte de ces données, le Conseil général donne un avis réservé au projet de Plu.
C’est acquis
Sans crier à l’exploit, il faut admettre que le réseau écologique départemental isérois a déjà permis un certain nombre de réalisations très concrètes. Outre leur intérêt écologique, celles-ci permettent à la fois de connaître la répartition et l’utilisation spatiale des milieux, d’améliorer la sécurité routière et de forger une identité paysagère. Plus que des mots, les photos qui accompagnent ce texte donnent une large idée de la mise en œuvre de ce réseau dans les différentes communes du département. Le chemin est encore long et il conviendra plus tard d’évaluer plus justement l’impact des corridors sur les espèces. Une chose est sûre, le Redi n’aurait pu voir le jour sans la volonté politique du Conseil général de l’Isère de construire sa politique d’aménagement en cohérence avec son Agenda 21.

1. Le cabinet Éconat, dirigé par Guy Berthoud, a travaillé sous l’égide d’un comité de pilotage d’une centaine de membres (élus, administrations de l’État, Area, associations de chasse, pêche, protection de la nature, agriculteurs et forestiers).
2. Un film vidéo et DVD intitulé : Les chemins de la vie (26’)
a été diffusé auprès de tous les collèges et associations isérois. Par ailleurs, il est vendu par Fifo
(Tél. : 05 49 69 97 10).
Une exposition et une plaquette grand public sont également disponibles
(Tél. : 04 76 00 37 21).