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Le Rézo du rozo

 

Espaces naturels n°7 - juillet 2004

Études - Recherches

Marc Thibault
Station biologique de la Tour du Valat
André Mauchamp
Station biologique de la Tour du Valat
 

Le « Rézo du rozo » est un groupe d’échanges d’expériences sur les roselières. Son objectif est de tester les protocoles de suivis et de constituer un référentiel permettant la caractérisation des roselières. Créé en 1998 au sein de la commission scientifique de Réserves naturelles de France, le Rézo du rozo nous livre ici quelques-uns de ses résultats.

Roselière. Au sens large, le terme regroupe toutes les formations à grandes émergentes : phragmite Phragmites australis, parisque Cladium mariscus, glycérie aquatique Glyceria maxima, baldingère Phalaris arundinacea, Typhas et scirpes.
Ces formations présentent des caractéristiques communes en matière écologiques et de gestion. Leur présence liée à la proximité de l'eau, la tendance à former des peuplements monospécifiques, les mesures d'interventions analogues concernant l'eau et la végétation…
Parmi ces formations végétales, les phragmitaies suscitent un intérêt particulier de la part des gestionnaires en raison de l'avifaune qui les fréquente : butor étoilé, héron pourpré, passereaux paludicoles…
Devant l'intérêt patrimonial de ces milieux et des espèces qu'ils abritent et, face au constat général de dégradation des roselières en France et en Europe, un groupe de travail thématique a été créé en 1998 au sein de la Commission scientifique de Réserves naturelles de France en partenariat avec la station biologique de la Tour du Valat : le Rézo du Rozo.
Le Rézo du Rozo est un groupe d’échanges d’expériences sur les roselières. Ses objectifs sont de tester des protocoles de suivis communs, de constituer un référentiel en matière de caractérisation des roselières, de renforcer la collaboration entre gestionnaires et scientifiques et de pouvoir ainsi comparer les résultats de la gestion. Les suivis actuellement mis en œuvre sur une quinzaine de réserves naturelles s'appuient sur le programme "Roselières méditerranéennes" initialement développé par la station biologique de la Tour du Valat sur 39 sites méditerranéens.
Un protocole pour caractériser et suivre l'évolution des roselières
Plusieurs critères vont déterminer le choix de la roselière étudiée : un aspect relativement homogène, une facilité d'accès permettant d'assurer la régularité des suivis tout en optimisant le temps passé, enfin l'existence sur le site d'un intérêt patrimonial ou d'une problématique de gestion.
La première étape consiste à caractériser la roselière à l'intérieur de trente quadrats situés le long d'un transect. Dans chacun des quadrats, il s'agit simplement de mesurer :
- le nombre de tiges vertes, de tiges sèches et de tiges fleuries,
- la hauteur de la plus haute tige,
- la hauteur et le diamètre d'une tige verte prise au hasard.
Sur le terrain, ces mesures prennent environ trois heures par an et doivent être effectuées à la période de développement maximum des roseaux, entre fin août et début octobre.
Le deuxième volet du protocole concerne les conditions de milieu, indispensable pour tenter une interprétation en termes de gestion : prévoir un suivi mensuel du niveau des eaux de surface et de la nappe (un minimum, en zone humide !), complété éventuellement de mesures du potentiel d'oxydoréduction du substrat. En zone littorale, le suivi de la salinité des eaux est déterminant.
Enfin, lors de l'installation du transect (état initial), ou en cas de changement important au cours des années dans la composition floristique ou la dominance des espèces, il est également conseillé de réaliser des relevés floristiques.