Pays de Langres et des quatre lacs - Haute-Marne

Des tanières pour y vivre, un peu, si l’on veut...

 

Espaces naturels n°43 - juillet 2013

Pédagogie - Animation

Jean-Yves Goustiaux
CIN Auberive. Ligue de l’enseignement Haute-Marne

 

Cachées dans la forêt, les cabanes du Pays de Langres peuvent être habitées, le temps d'une soirée. À condition de les trouver... Initiative de la Ligue de l’enseignement de Haute-Marne qui gère un Centre d’initiation à la nature.

Tous les étés, durant deux semaines, vingt jeunes de 13 à 17 ans viennent prêter main forte à la construction de cabanes disséminées en forêt d’Auberive et accessibles depuis les chemins de randonnées. Aujourd’hui, après dix années de chantier, douze cabanes ont vu le jour. Certaines sont cachées, à demi-enterrées, pour faciliter l’observation de la faune locale. D’autres sont perchées au-dessus d’un vallon où passe régulièrement la cigogne noire.
Trois « nids » peuvent être loués, ils sont faits d’osier tressé et permettent l’hébergement de trois ou quatre personnes pour découvrir le charme de la forêt au crépuscule. Un kit de matériel : matelas, popote, gaz, douche solaire, accompagne la location. Dans la musette des « tanières », une bonne paire de jumelles et un livret d’interprétation rappelant les codes de bonne conduite.
Les autres cabanes sont libres d’accès. Elles se situent toutes dans des lieux « forts », souvent en lisière d’espaces ouverts. Chacune d’entre elles offre une architecture originale à base de matériaux puisés localement et pouvant être mis en œuvre par les jeunes (pierre sèche, bois, tavaillons, bois cordé, terre paille banchée, etc.).
Elles interpellent le public qui les découvre et elles participent à créer un rapport singulier et sensible au lieu. Toutes sont équipées de toilettes sèches et d’un panneau d’interprétation.
L’accès se fait toujours à pied.
Un livret, et quelquefois des animateurs, viennent accompagner la découverte, permettant ainsi l’interprétation de la forêt d’Auberive.
La cabane est devenue un support d’éducation à l’environnement. Car la finalité de ce projet porté par la Ligue de l’enseignement de Haute-Marne est de proposer aux habitants et aux touristes une découverte active et originale de la forêt. Chercher une cabane, élément chargé de symboles et de souvenirs, devient un prétexte pour s’aventurer dans les bois et vivre, le temps d’une halte ou d’une nuitée, un rapport sensible et intime avec le lieu.
Voilà une jolie manière d’expérimenter une autre façon « d’être au monde », plus légère en termes d’empreinte écologique. Et de se questionner sur nos modes de vie à travers la notion d’habiter un lieu et de s’interroger sur le rapport que nous entretenons avec lui.

Agir pour apprendre. Les jeunes qui participent à l’élaboration des cabanes vivent des moments collectifs où les animateurs encadrants les sensibilisent aux questions de l’alimentation, saine, locale, bio si possible, mais aussi à l’impact des déplacements (qui se font le plus souvent à vélo), à l’apprentissage de l’autonomie, de l’écoute et au respect de l’autre, de l’environnement, etc.
Les chantiers sont également l’occasion d’apprendre des techniques de construction.
Au cours du chantier, les volontaires organisent plusieurs accueils des habitants ou touristes pour présenter l’esprit et l’avancement de leur projet, son ancrage local. Ils affichent leur envie de faire vivre des projets originaux (en vivant de bons moments, si l’on en croit les anciens revenant donner un coup de main).
Des temps d’échange de pratiques sont également proposés au grand public en dehors des chantiers. Des adultes peuvent ainsi contribuer à l’avancement des différents projets.

Ces cabanes surprenantes, cachées, attirent tous les ans un peu plus de monde. En langage marketing, elles sont même devenues un produit d’appel. Après avoir fait sourire dans un premier temps, l’initiative est soutenue par les élus locaux et les habitants. Familles et marcheurs les recherchent et les habitent. Le centre d’initiation à la nature (CIN) a donc édité un livret d’interprétation à leur attention.
Les appréciations recueillies par l’épicière d’Auberive (qui assure le relais de location) apportent des témoignages enthousiastes.
Dans l’esprit du projet et la perspective de création du parc national1, le CIN d’Auberive et la Ligue de l’enseignement de Haute-Marne élaborent un projet de camping écoresponsable avec une offre en cabanes tentes. Même philosophie pour cette gamme d’hébergement un peu plus confortable. •
 

1. Parc national entre Champagne et Bourgogne.
En savoir plus : Office du tourisme de Langres. http://mic.fr/8imn