Trame verte et bleue Sortons du cadre des aires protégées!

 

Espaces naturels n°28 - octobre 2009

Édito

Gérard Moulinas
Président du conseil d'administration de l'Aten

En matière de protection de la biodiversité, la France dispose d’une boîte à outils variée et efficace. Pourtant, de la réglementation à la contractualisation en passant par la maîtrise foncière, nous savons déjà qu’elle ne suffira pas à remplir nos engagements internationaux à stopper l’érosion de la biodiversité d’ici 2010.
La stratégie nationale pour la biodiversité et la politique de la trame verte et bleue viennent compléter le dispositif des aires protégées. Leur ambition commune est la diffusion de cette préoccupation dans toutes les politiques publiques (trop souvent  ectorielles) et tous les territoires (trop souvent autocentrés). Il nous faut sortir du cadre.
Les collectivités locales sont à pied d’œuvre avec les compétences qui sont les leurs. La planification intègre la biodiversité de manière croissante : schémas régionaux et départementaux de la biodiversité, Plu, Scot...
Quelles que soient les échelles retenues, il restera néanmoins toujours des frontières au-delà desquelles les compétences, et moyens, des uns ou des autres s’arrêteront. Il nous faut donc inventer les formes de gouvernances, équilibrées entre l’État et les collectivités, qui permettront de travailler aux continuités dans ces espaces interstitiels.
L’entrée de nouveaux membres à l’Atelier technique des espaces naturels constitue l’un des indicateurs des évolutions engagées : collectivités locales, associations, établissements publics dépassent leurs seules logiques internes pour diffuser leurs savoir et savoir-faire en matière de gouvernance locale, de diagnostics écologique et socio-économique, de plans de gestion et d’évaluation.
La mise en œuvre de la trame verte et bleue doit pouvoir bénéficier de l’expérience des gestionnaires d’espaces naturels qui voient là une occasion de renforcer leurs relations aux acteurs du territoire.
Dans sa nouvelle configuration, l’Aten sera à même de toucher plusieurs milliers de professionnels de la nature : à condition de bien orienter leur « point de vue » depuis le territoire et ses acteurs. Les formations, outils et échanges d’expériences, qui font partie de la culture commune des gestionnaires d’espaces naturels, trouveront à s’employer dans le déploiement de cette nouvelle ambition.

1. En 2010, l’Aten devrait s’élargir à une quinzaine de membres avec l’arrivée de l’Office national de la chasse et de la faune sauvage, l’Agence des aires marines protégées, l’Office national des forêts, Rivages de France, des régions et des départements, la Ligue pour la protection des oiseaux, le Réseau des Grands Sites de France...