>>> Programme Stoc : mode d’emploi

Attentions particulières

 
pour oiseaux communs

Espaces naturels n°2 - avril 2003

Études - Recherches

Frédéric Jiguet
Chargés de recherche, coordinateurs nationaux du programme STOC Romain Julliard
Chargés de recherche, coordinateurs nationaux du programme STOC
 

Les oiseaux communs sont communs. Sont-ils banals ? Non, si on en juge par le nombre de bénévoles qu’ils déplacent pour les écouter, les baguer, les compter, les comparer… Beaucoup de monde pour un suivi rationnel qui s’organise au sein du programme Stoc. En clair, traduisez : Suivi temporel des oiseaux communs. Mais quelle utilité, et comment cela s’organise-t-il vous entends-je pépier… ?

STOC. Ça sonne comme « tac au tac » et il y a un peu de cela dans l’organisation méticuleuse du programme de Suivi temporel des oiseaux communs. Le programme STOC, comme on dit, coordonne les efforts d’ornithologues bénévoles ou professionnels. Son ordonnancement est mis au point par l’Observatoire-suivi de l’avifaune nationale1 et, quotidiennement, des gestionnaires font appel à ses données pour évaluer l’impact de leur gestion sur la biodiversité. En comparant les chiffres mis à jour sur leur territoire aux données nationales, ils bénéficient d’un outil d’aide à la décision.
Dans les faits, le programme STOC se compose de deux volets complémentaires. Premier volet : le STOC-EPS2. Il correspond à la mise en œuvre de points d’écoute. L’oreille des ornithologues, formée au chant des oiseaux, leur permet de les identifier. C’est ainsi que le réseau EPS peut fournir des données précises et fiables sur l’état de santé des populations d’oiseaux communs pour plus de 100 espèces à l’échelle nationale. Un deuxième volet, nommé STOC-capture consiste à capturer et à marquer les oiseaux, avant, bien sûr, de les relâcher. Cette forme d’identification repose sur des ornithologues spécialisés : les bagueurs d’oiseaux. Le réseau capture, apporte des précisions sur les mécanismes démographiques et permet ainsi d’expliquer les variations temporelles d’abondance de certaines espèces. Il concerne quelque 35 espèces, dont de nombreux passereaux de zones humides.
Bénévolat
Dans le cadre du programme STOC-EPS, le travail des ornithologues va suivre un réel plan d’échantillonnage. Le tirage au sort de carrés, de 2 km de côté, sur lesquels ils vont intervenir, assure la représentativité à la fois des habitats et des populations des espèces suivies. Chaque carré abrite dix points d’écoute d’une durée de cinq minutes. Ceux-ci seront réalisés par deux fois chaque année, entre le 1er avril et le 15 juin. L’endroit sera strictement identique et les dates similaires, moyennant des conditions d’observation favorables. La même personne, il va sans dire, effectuera ce suivi tout au long des saisons et des ans.
Ainsi, au printemps 2002, ce sont plus de 6 000 points d’écoute qui ont été réalisés dans 85 départements. Le printemps 2003 devrait voir cette couverture fortement progresser pour atteindre sans doute quelque 8 000 points d’écoute !
Plus exigeant, le volet STOC-capture se déroule différemment. Un bagueur et son équipe d’aides-bagueurs choisissent une station dans des milieux propices à la capture (buissons, roselière). Chaque année, aux mêmes dates en période de reproduction, ces volontaires posent des filets, exactement aux mêmes endroits et durant le même laps de temps. Les chiffres obtenus sur différentes années peuvent être directement comparés : ces données permettent de savoir si les variations d’abondance observées sont dues à des fluctuations de la survie des adultes, au succès reproducteur, ou encore au recrutement de nouveaux adultes dans la population.
Harmoniser les méthodes
Une fois les chiffres recueillis, encore faut-il les utiliser. La comparaison des données réunies au niveau local avec celles issues de l’échelon national va permettre au gestionnaire d’évaluer l’impact de sa gestion.
Cette mesure pourra s’effectuer en tenant compte des effets régionaux et globaux agissant sur l’ensemble des populations.
Le programme STOC donne aussi l’occasion aux gestionnaires d’harmoniser leurs méthodes de suivis. Ainsi, par exemple dix-huit réserves naturelles ont participé au réseau STOC-EPS au printemps 2002. Le Parc national des écrins débutera, lui, un suivi EPS en 2003. Le réseau, mis en place sur l’ensemble des réserves naturelles, va leur permettre de posséder un outil d’évaluation de l’impact du statut de protection de certaines populations d’oiseaux communs. Rien de plus que l’indispensable.

1. Mis en place en 1989, l’Observatoire-suivi de l’avifaune nationale, est animé par le Centre de recherches sur la biologie des populations d’oiseaux (CRBPO) au sein du Muséum national d’histoire naturelle.
2. STOC-EPS : échantillonnage ponctuel simple.