L’avis de Pascale Puigdemont

Une « chance » ambivalente

 

Espaces naturels n°43 - juillet 2013

Management - Métiers

Pascale Puigdemont
Responsable ressources humaines à Parcs nationaux de France

 

Cette nouvelle loi de titularisation, va-t-elle induire des modifications en termes de ressources humaines dans la fonction publique ?
Si nous regardons la question du point de vue de Parcs nationaux de France, nous nous apercevons que l’établissement emploie 40 % de contractuels. Leur recrutement répond à un besoin de chargés de mission maîtrisant des compétences thématiques très pointues : juridique, géomatique, scientifique… compétences que nous n’avons pu trouver chez les fonctionnaires titulaires. Il en est souvent de même dans les parcs nationaux en dehors des missions classiques d’agents de terrain.
Cette nouvelle réglementation, qui aboutit à titulariser certains contractuels, va permettre d’élargir le champ des compétences internes de la fonction publique. Le « vivier » des ressources humaines, si je peux m’exprimer de cette manière imagée, sera alors plus riche.
Nous pouvons donc penser que, dans l’avenir, la fonction publique comptera dans ses rangs davantage de fonctionnaires spécialisés sur ces métiers.

Vous assurez également le « soutien métier » pour l’ensemble des parcs nationaux. Quel est l’enjeu principal de cette loi pour les personnels ?
Si, dans les parcs, la moitié des agents concernés par la loi sont des agents de catégorie A (recrutés pour répondre à des besoins très pointus), un tiers des personnels éligibles à la titularisation sont de catégorie C. Ces agents ont souvent assumé un remplacement puis ils ont été recrutés à 70 % ; puisque la loi n’autorise pas le recrutement d’une catégorie C à 100 %. La titularisation pourrait leur permettre d’être embauchés à plein temps.

Comment cette loi est-elle vécue, en termes de climat social ?
Ceux qui sont susceptibles d’être titularisés vivent cette perspective comme une opportunité pour l’avenir. Néanmoins, les conditions de mise en œuvre des concours de titularisation n’étant pas encore toutes connues, les organisations syndicales sont très attentives à ce que les dispositions de la loi s’appliquent dans les meilleurs délais.

Quelles difficultés d’application rencontre cette loi du point de vue de l’employeur ?
La titularisation des agents se fera dans l’établissement qui lui aura permis d’acquérir son « droit » à passer un concours réservé. Dans la majorité des cas, elle aura donc lieu sur place. En revanche, l’établissement sera aussi tenu de reprendre les personnes ayant réussi le concours qui auraient acquis leurs droits au sein de l’établissement, mais qui auraient depuis quitté leur emploi suite à une fin de CDD, une démission…
Dans des petites structures comme les nôtres, où l’agent parti depuis quelques mois, voire quelques années, a été remplacé, il peut être difficile de lui proposer un poste correspondant à ses aspirations et à ses compétences, notamment lorsqu’il s’agit d’un chargé de mission spécialisé.

On titularise ; par ailleurs, on continue à recruter des non-titulaires…
Effectivement, la loi nous autorise à recruter des agents sous CDD. Elle nous permet également, à titre expérimental et durant quatre ans, d’embaucher des personnels sous CDI, lorsqu’il n’existe pas de corps de fonctionnaires susceptibles d’assurer les fonctions correspondantes. •

Recueilli par Moune Poli