Donnez toutes les chances de réussite à votre suivi
Espaces naturels n°41 - janvier 2013
Nicolas Debaive
RNF
Alexandre Touzé
RNF - Gestionnaire de BDD/SIG
Les suivis inter-sites permettent de mieux comprendre le rôle des réserves et, ainsi, de préciser les enjeux pour une gestion plus efficace. À condition qu’ils ne tombent pas en dormance. Antidote…
Réserves naturelles de France a l’expérience ! Depuis plus de vingt ans, l’association développe des protocoles standardisés de suivi d’espèces et d’habitats. Des protocoles souvent élaborés en partenariat avec des organismes scientifiques et qui correspondent à des besoins identifiés dans les plans de gestion. Tout pourrait donc être pour le mieux mais la réalité montre que certains suivis tombent en dormance après quelques années. Ce constat met en cause l’animation, la centralisation et le traitement des données. Ces facteurs essentiels du succès à long terme sont trop souvent négligés au départ.
Animation. Quelle que soit la complexité de la méthodologie proposée, il est essentiel d’accompagner les nouveaux utilisateurs. En ce sens, la rédaction d’une notice simple d’aide à la mise en œuvre est éminemment utile. Les formations de terrain sont également essentielles et permettent de rendre le gestionnaire opérationnel et autonome pour conduire le suivi et obtenir des données standardisées et donc comparables. On évite ainsi un essoufflement précoce d’une dynamique et une récolte de données incomplètes. La tenue de formations peut être envisagée par le biais de partenariats ou via l’Aten par la mise en place de formations-actions (ex : initiation à l’identification d’espèces).
Bancarisation des données. L’absence d’une fiche de terrain unique et d’une base de données dédiée est souvent à l’origine de difficultés d’analyse. Le moindre défaut de cadrage peut en effet inciter les utilisateurs à modifier le protocole « à leur sauce », rendant ensuite compliquées l’agrégation et l’analyse des données. La centralisation automatisée et la sécurisation des données doivent également être assurées par le recours à des outils de base de données adaptés et qui peuvent fonctionner avec d’autres bases existantes ou futures. Ces protocoles peuvent notamment venir alimenter de manière ponctuelle des bases de données régionales ou nationales (INPN, SINP…). Concernant l’aspect cartographique, outre la mise en place d’une base de données géographique centralisée, un outil de gestion des métadonnées est indispensable pour assurer des échanges dans les règles de l’art (dont certaines sont réglementaires).
Traitement des données. Si la mise en œuvre du suivi est coordonnée en partenariat avec un organisme scientifique, il y a de fortes chances pour que les traitements et les analyses lui soient confiés. Lorsque cette stratégie n’est pas prévue au lancement du protocole, le recours aux stagiaires est souvent privilégié (parfois par souci budgétaire). La qualité des analyses et la pertinence des résultats présentés sont alors fortement tributaires des compétences de ces derniers mais surtout de l’encadrement technique et scientifique qui leur est apporté au sein de la structure d’accueil. Il est alors judicieux d’organiser des collaborations avec des experts lorsque les analyses deviennent complexes.
Communication des résultats. Il est essentiel également que chaque gestionnaire puisse bénéficier d’un traitement rapide de ses données, notamment lorsque sa participation s’inscrit au sein d’un dispositif national ou inter-sites. Un retour personnalisé est considéré par le professionnel de la nature comme une reconnaissance et un juste retour au regard des efforts humains et financiers consentis. Les résultats d’un suivi seront d’autant plus valorisables localement qu’ils pourront être comparés à plus large échelle, celle des sites mis en réseau. L’effort commun devient alors une plus-value qui précise les enjeux de chaque réserve naturelle pour une gestion au plus près des réalités écologiques. Enfin, la communication des résultats à plus large échelle et adaptée au public visé (rapports, articles, conférences, etc.) est souvent essentielle pour pérenniser ou élargir la mise en réseau des suivis. Elle doit être réfléchie le plus en amont possible. •