>>> Raid alpages et forêts en Chablais (74)

Un événement, ça parle énormément...

 
Management - Métiers

Michelle Sabatier
Espaces naturels

 

Plutôt qu’un classique voyage de presse, les animateurs du programme Leader+ avaient organisé un raid. Aussi, l’été dernier, a-t-on pu voir une caravane hétéroclite formée de journalistes, de promeneurs, de résidents, parcourir le Haut Chablais, cinq jours durant.

Ce raid alpages ménageait rencontres et débats entre les acteurs économiques, culturels et politiques des vallées traversées. Le scénario se déroulait au rythme de la marche, en plusieurs actes : impromptus théâtraux, musicaux (accordéon, violon et tronçonneuses…). La tomme d’Abondance, le Reblochon, le Chevrotin et les vins de Savoie alimentaient les haltes festives. Félicie, Lily et Nénette, trois élégantes mules, faisaient figure d’ambassadrices.
L’événement devait permettre de faire reconnaître les perspectives de l’agro-pastoralisme. Il cherchait à valoriser certaines options de gestion durable de l’agriculture et de la forêt. Mais aussi, réunissant les élus et les acteurs des vingt-neuf communes du programme Leader du Haut Chablais en un scénario commun, le périple visait à décloisonner les modes de fonctionnement et à engendrer des sympathies prometteuses d’avenir.
Mais, est-ce bien le rôle des financements de type Leader (ou tout autre…) d’abonder ce type de démarche de communication ? Et comment répondre sans se préoccuper des résultats espérés, et obtenus ?
Évaluer
L’évaluation d’une telle action de communication peut se faire en écoutant « l’écho » qui revient vers le Groupe d’action local (Gal) déjà sollicité pour organiser le même événement l’année prochaine. La mobilisation préalable, pourtant, n’a pas été facile…
- En jaugeant la participation du public : les journées de marche ont attiré de quinze à vingt personnes (c’était un peu décevant), davantage le dernier jour. Mais cinquante personnes autour d’une soupe des alpages, c’est l’optimum ! Beaucoup plus (jusqu’à 200) pour les soirées festives organisées par les communes participantes.
- En mesurant l’impact des messages émis et reçus : c’est le plus délicat tant les sujets ont été multiples et variés. En effet, comment mesurer « ce qui passe » dans une intervention de spécialistes ou d’hommes de métier, comment évaluer la qualité des échanges ? Tout juste pourra-t-on savoir qui a rencontré qui. Ce n’est pas négligeable : une voix au téléphone, un nom, deviennent alors un visage, un souvenir partagé.
- En quantifiant les retombées dans la presse : quatre journalistes ont participé ponctuellement. Une dizaine d’articles ou d’émissions de radio ont été publiés ou
diffusées.
Presse, que fais-tu
d’un « événementiel » !
Connaissant les fameuses « lois de proximité » de la presse :
- un sujet intéresse un lecteur en relation directe avec sa proximité géographique (ça s’est passé près de chez vous),
- spécifique (ça parle d’un thème qui vous passionne),
- psycho-affective (ça « vous » touche personnellement),
- chronologique (ça vient de se produire),
qu’est-ce qui peut émerger dans un organe de presse à la suite de l’organisation de ce type d’événement ?
Au-delà de la publication du communiqué de presse annonçant l’événement, difficile d’espérer une participation de la presse nationale même s’il est toujours possible d’accrocher un journaliste souhaitant faire une page « terroir »… En revanche, localement, on peut escompter un écho dans une émission radiophonique, un article dans une rubrique régionale, une annonce… Le résultat sera très différent, selon qu’il s’agit d’un premier contact ou, au contraire, si la relation avec le journaliste est plus suivie.
Les « représentations » préalables de la presse sur le sujet jouent un rôle de premier plan. Idem pour la ligne éditoriale du média qui applique une grille de lecture sur les faits vécus : le texte qui s’échafaude alors peut paraître divergent avec les intentions des organisateurs. Mais, faut-il attendre des journalistes qu’ils écoutent et retranscrivent ? Ou bien qu’ils argumentent, critiquent, confrontent les faits et les opinions ?
Soit, leur perspective est de promouvoir une démarche : ils se contenteront d’extraire l’angle du sujet qui leur paraîtra le plus opportun. Un papier, un angle : c’est la règle pour être lisible. Or la réalité est toujours complexe… Le papier est donc partiel.
Soit, leur propos est polémique, au bon sens du terme : il veut interpeller le lecteur en émettant des opinions en contradiction avec la version officielle, celle que vous leur avez présentée. Et le papier sera partial (le journaliste pensera : critique).
Application pratique
Justement, après ce traitement de l’information, qu’en reste-t-il pour Leader+ et Chablais ?
Une réflexion collective s’est organisée : comment voit-on sa vallée, son agriculture, sa forêt, son village, dans dix ans, vingt ans ? Quels sont les enjeux, les actions possibles, les priorités qu’on se donne ? Des chartes de territoires, des associations foncières, l’acquisition et la restauration d’alpages et de chalets par les collectivités, des installations agricoles. Un facteur de réussite : que des élus s’emparent des problèmes et tentent de mettre en œuvre des solutions à une échelle pertinente. Un questionnement aussi, ici comme partout dans le monde rural : les acteurs de l’élevage sont bien là mais minoritaires, autour d’eux se démènent quantité d’organisations, d’élus et de techniciens, aujourd’hui inséparables de la gestion administrée du monde rural.
On notera toutefois l’absence de représentants d’associations écologiques ou d’organismes exerçant une compétence à l’égard des espaces naturels (Réserves naturelles, Conservatoires de sites, Diren…) dans l’organisation du périple. Comme si alpages et environnement se regardaient avec une certaine méfiance.
Il semble apparaître, justement, que la principale vertu des programmes Leader est d’amener les parties prenantes à travailler ensemble sur le terrain. Reste que les logiques internes d’organisations ne fusionnent pas automatiquement…
La dynamique de projet est-elle la clé du succès ?

>>> En savoir plus
Gal - Pascale Lioutier
Maison de la Côte - Le Petit Lieu
74550 Perrignier
Tél. : 04 50 72 24 13

SAE Pierre Lachenal - DDAF Cité administrative rue Dupanloup
74040 Annecy cedex
Tél. : 04 50 88 41 85

Chambre d’agriculture
Bernadette Jordan
16, rue Hirmentaz - 74200 Thonon Tél. : 04 50 81 78 00