Formateurs… Formez-vous !

 
Management - Métiers

Emmanuel Redoutey
animateur de formation de formateur

Le formateur occasionnel, c’est quelqu’un qui intervient en formation : ce n’est pas la tâche principale de son emploi, mais il est amené à intervenir auprès d’adultes afin de leur transmettre « quelque chose ». Or connaître son sujet n’est pas suffisant. Pour être efficace, il faut mettre en place une situation pédagogique, savoir où on amène les apprenants. Et comme tout, cela s’apprend.

Formateur. Quel drôle de mot. Cela voudrait dire que l’on peut formater des personnes ? Espérons que non. De plus en plus, en éducation à l’environnement au moins, nous utilisons plutôt le terme d’animateur de formation. Mais derrière ce terme il y a plusieurs métiers : intervenant en formation, concepteur et conducteur de modules de formation, ingénieur pédagogique et également ingénieur de formation. Les conditions de sa réussite ? Une bonne boîte à outils pédagogiques, et une bonne connaissance du profil des apprenants.

Qu’est-ce qu’un bon formateur ?

Être formateur c’est travailler avec de l’humain. Au moment où il intervient, il sait où il va (son but), où il amène le groupe (les objectifs généraux et les objectifs pédagogiques) et ce qu’il va lui faire vivre (les moyens pédagogiques qu’il a choisis). Le travail de l’apprenant, qui est en face, c’est d’apprendre. Et apprendre est quelque chose de très difficile. Ce n’est pas moi, formateur, qui vais apprendre quelque chose à quelqu’un, mais je vais mettre en place une situation pédagogique. Je vais préparer un confort d’apprentissage afin que ce soit l’apprenant qui fasse son travail : apprendre. Un formateur est donc quelqu’un qui connaît ce processus et qui fait une recherche pédagogique afin de définir les meilleurs moyens pour « faire apprendre ». Bon nombre d’activités mises en place lors de séquences de formation se réduisent en fait à de l’apprentissage par hasard. Essayons d’éviter cela.

Prendre en compte les êtres humains que je vais accompagner dans l’apprentissage : les apprenants

Mieux je connais ces personnes plus je pourrai mettre en place des éléments qui leur conviennent. Je ne connais jamais assez ceux que je dois accompagner car l’humain est complexe, que chacun a ses propres modes d’apprentissage que je ne connais pas et qu’en plus… ils sont tous différents ! C’est ce premier paramètre qui est fondamental, c’est la 1re pointe du triangle. Prendre en compte l’humain, c’est aussi définir judicieusement la période de formation (exemple au coeur de l’hiver), la durée de l’acte de formation (3 heures ou 3 jours ?), le lieu de formation (dehors ou dedans ? sur le lieu de vie des apprenants ou sur mon lieu de vie de formateur ?) et bien sûr le thème de travail. Les premiers éléments à définir sont ceux-là. Je peux ensuite commencer ma construction pédagogique.
La 2e pointe du triangle, c’est l’objet d’apprentissage. Oui, je dois avoir une connaissance supérieure de cet objet à celle de l’apprenant, l’idéal est que j’aie une pratique de cet objet d’apprentissage et je dois en avoir une vision théorique au-delà de ma pratique : pouvoir contextualiser ma pratique dans le champ complet de l’objet  d’apprentissage. Etre formateur ne se réduit pas à la transmission des savoirs. Être expert sur un sujet, n’implique pas forcément d’être un (bon) formateur.

La 3e pointe, c’est moi. Pas simple comme métier, j’ai la responsabilité d’êtres humains que j’accompagne à un moment donné de leur vie. Ce métier s’apprend par… un acte de formation ! Faire oeuvre de pédagogie n’est pas inné. Connaître des concepts pédagogiques, savoir les réutiliser et les organiser, avoir une boîte à outils avec bon nombre de techniques de formation, cela s’acquiert. Formateurs occasionnels pratiquants ou futurs pratiquants, je vous invite à venir participer vousmême à une formation de formateur. Elle s’organise autour d’ateliers pour manipuler des outils et des concepts, d’apports théoriques (apprenant adulte, pédagogie, construction d’une formation) et d’un déroulé de formation à créer par petits groupes de 4. Et bien sûr c’est aussi un lieu d’échanges pour confronter nos pratiques.