Quel avenir pour les Parcs ?

 

Espaces naturels n°11 - juillet 2005

Management - Métiers

Éléonore Béchaux
Fédération des parcs naturels régionaux

Réunis en séminaire national3, les gestionnaires des Parcs se sont interrogés sur la place conférée aux espaces naturels dans les réformes européennes. Ils ont constaté qu’il n’existe pas de politique européenne spécifique aux milieux naturels et que, pour réaliser leurs actions, ils doivent « piocher » dans les différentes politiques sectorielles. La politique de développement rural étant fondamentale pour l’environnement et pour la préservation de la biodiversité, il semble nécessaire de défendre une approche territoriale dépassant le seul secteur agricole. C’est d’ailleurs une opportunité qu’offre l’axe Leader (cf. article p. 32), auquel il serait utile d’adjoindre un thème fédérateur tel « le paysage et la maîtrise de l’espace ». Il permettrait de renforcer la prise en compte de l’environnement et d’ouvrir le dialogue avec l’ensemble des acteurs.
Parmi d’autres constats, celui-ci : Natura 2000, pourtant politique européenne, semble menacée ! L’interrogation porte sur l’enveloppe globale de financement des contrats Natura 2000 et sur l’animation dans les sites non agricoles et non sylvicoles actuellement mal pris en compte par le Fonds européen agricole pour le développement rural.
En contrepoint plus optimiste, on peut noter que, concernant le zonage des Indemnités compensatoires de handicaps naturels2 (ICHN), la France pourrait demander l’éligibilité des sites confrontés à des handicaps structurels, en sus des zones de montagne. C’est le cas, en particulier, des zones humides, des pelouses sèches et des zones alluviales. Ces handicaps pourraient alors devenir des opportunités pour le développement de ces territoires, à condition de développer une ingénierie territoriale adéquate.
La réflexion a mis également en lumière la coopération territoriale européenne déjà expérimentée au niveau des espaces naturels et, en particulier, par les Parcs naturels régionaux. Promouvoir cette coopération et défendre le point de vue des territoires peut contribuer au développement d’une culture européenne du développement durable. Les réseaux européens d’espaces protégés tels qu’Europarc, l’Union mondiale pour la protection de la nature (UICN) et Eurosite doivent être reconnus et mobilisés dans cette optique.
Se saisir
des opportunités
Le ministère de l’Agriculture a ouvert une concertation pour définir les orientations stratégiques nationales qui seront présentées à la Commission fin 2005. France Nature Environnement, la Ligue pour la protection des oiseaux, la Fédération des Conservatoires d’espaces naturels et celle des Parcs sont impliquées dans les groupes de travail. Les Parcs nationaux, aux côtés du ministère de l’Écologie, défendront également les différents enjeux environnementaux et de gestion de la biodiversité des territoires. À l’échelle des Régions, l’ensemble des acteurs concernés par la gestion des territoires ruraux devra se mobiliser dans les concertations relatives aux définitions des programmes opérationnels de ces politiques. Pour avoir une place dans ces réformes, les gestionnaires doivent prouver la « compétitivité » de leurs territoires, et ainsi justifier de la nécessité du maintien de politiques publiques nationales et européennes. Il ne s’agit pas de vendre son âme, mais de montrer que ce mot ne se réduit pas à une dimension économique et qu’il n’implique pas une concurrence entre territoires. L’expérience doit permettre de témoigner d’autres valeurs : environnementales, patrimoniales et sociales. Interviewés dans le dernier numéro de la revue Parcs, le secrétaire d’État à l’Aménagement du territoire, M. de St-Sernin
et F. Grossetête, députée européenne, présidente
du Parc naturel régional
du Pilat, ont exprimé ce point de vue. Les Parcs naturels régionaux prolongeront cette réflexion lors de leurs Journées nationales dans l’Avesnois du 5 au 7 octobre 2005.

1. Le pourcentage indiqué concerne le minimum de l’enveloppe nationale qui doit être consacré à cet axe. Le taux de cofinancement communautaire est plafonné à 50 %.
2. Les Indemnités compensatoires de handicap naturel ont pour objet de compenser des handicaps permanents tels que l’altitude, la pente ou le contexte économique et social défavorable.
3. Le séminaire de la Fédération des Parcs a eu lieu le 8 septembre dernier. Il a réuni plus de cent personnes venues des Parcs, des ministères et des régions. Les actes du séminaire et la revue Parcs (n° 51) sont consultables sur le site www.parcs-naturels-regionaux.fr