De la parcelle à l’interrégional...

Prendre en compte la complexité des réseaux

 
>>> Parc naturel régional Oise-Pays de France
Le Dossier

Véronique Bozzo
Parc naturel régional Oise-Pays de France
Jean-Luc Hercent
Parc naturel régional Oise-Pays de France
 

Comment préserver la biodiversité d’un territoire ? L’expérience du Parc naturel régional Oise-Pays de France montre qu’une vigilance à tous les niveaux de territoire, de l’interrégional à la parcelle, est nécessaire ainsi qu’une approche multi-réseaux.

Cela commence tout naturellement. Tout d’abord il y a les conclusions des scientifiques : sur le territoire du Parc naturel régional Oise-Pays de France, certaines populations de cerfs connaissent un début de consanguinité. La question des corridors écologiques est alors posée ; d’autant plus âprement que les 20 000 hectares de massif boisé du Parc s’inscrivent au cœur du continuum forestier qui court de la région parisienne aux Ardennes.
Le Parc identifie alors les principaux corridors écologiques interforestiers de son territoire. Il s’engage dans sa charte à : « La préservation, la gestion et le renforcement des continuités écologiques majeures permettant la mise en réseau des espaces naturels du territoire entre eux et avec les entités naturelles voisines. » Il sera le premier à cartographier les corridors dans son plan de Parc et rejoindra les six autres Parcs incluant les continuités écologiques dans leur charte. Réglementairement, les documents d’urbanisme locaux doivent être compatibles avec la charte d’un Parc, cette formulation permet donc de préserver les corridors de toute nouvelle urbanisation.
Pour atteindre ses objectifs, le Parc s’engage également à conduire des études plus fines permettant de mieux connaître le fonctionnement des corridors et de développer des programmes d’actions. Dans certains secteurs urbanisés, une intervention à la parcelle est nécessaire. Celle-ci constitue, en effet, l’échelle de travail pour maintenir la fonctionnalité écologique du corridor pour certaines espèces.
Il est une condition cependant à l’efficacité : que les résultats des études soient pris en compte par l’ensemble des intervenants situés dans et hors du Parc (communes, administrations, gestionnaires des réseaux ferrés, routiers…). Pour cette raison, le Parc associe les communes voisines de son territoire à cette démarche. Il s’implique également dans les réflexions sur les corridors au niveau départemental et interrégional. En effet, la vigilance doit s’exercer à tous les niveaux et les actions être menées de façon coordonnée, une seule rupture du réseau pouvant remettre en cause l’ensemble des efforts.
L’approche multi-réseaux
Ciblée dans un premier temps sur le réseau forestier, l’action du Parc s’étend désormais plus largement. Les exigences et besoins des espèces, multiples et très variables, rappellent la nécessité de prendre en compte des milieux plus relictuels comme les mares ou les landes. Un diagnostic du réseau des landes est d’ailleurs engagé.
Répertoriées habitats de la directive, les landes sont présentes dans un cinquième des sites d’intérêt écologique identifiés dans la charte. Elles constituent un élément patrimonial majeur du territoire. Or, elles sont aujourd’hui fortement fragmentées, noyées au sein d’espaces forestiers. Aussi, avant de proposer un programme d’actions pour ces sites, il convenait de s’assurer de la fonctionnalité du réseau. Le travail, confié au Conservatoire des sites naturels de Picardie, a confirmé la pertinence de cette analyse. Dorénavant, c’est l’approche « réseau » qui sera reprise pour orienter la gestion des quarante-huit sites
d’intérêt écologique du Parc.