Pensée unique ?
Espaces naturels n°34 - avril 2011
Grégory Anglio
Technicien d’antenne, Parc national des Cévennes
La revue Espaces naturels s’est densifiée d’anecdotes, de références, de réflexions… Mais elle sert aussi, beaucoup, de vitrine. Elle ne s’est pas encore assez investie à mon goût dans un rôle d’enquête, voire de critique.
Le côté « monde parfait… » du monde des institutions de gestion des espaces naturels (et donc de la revue) démontre d’une certaine manière l’aptitude de notre actuelle société à « digérer » l’adversité et l’inconnu : en feignant trop souvent de ne « douter de rien », ne contribue-t-on pas, en somme, à fausser les perspectives ?
Pour résumer, je dirais que ce monde-là est un monde qui se prend finalement très au sérieux !
Or, s’il est une question qui doit être abordée sans cloisonnement, avec distanciation, relativisme, impertinence même, ce devrait bien être celle de la relation de l’individu et du monde !
C’est une critique sans doute injuste, car le comité de rédaction a eu à cœur d’éviter de sombrer dans les poncifs… Pourtant, la question des espaces naturels souffre d’une mainmise d’une pensée unique, imprimant une vision dont la revue a forcément du mal à s’extraire. C’est, je crois, que les espaces naturels explorent des questions quasi existentielles : que sera demain ? comment peut-on lui imprimer sa volonté ?
Une pensée « pas unique » viserait, par exemple, à traiter : qu’est-ce qu’un monde meilleur ! ? Quelles échelles d’actions pour tendre vers tel ou tel choix ?
Certes, j’exprime un souhait de lecteur, et il n’est pas sûr qu’il soit exigible de la revue des espaces naturels. Mais, à mon niveau, je peux difficilement exprimer quelque chose qui ait une portée intéressante, si cette chose n’est pas mise en perspective avec d’autres situations, si elle ne fait pas écho à une perception ressentie par d’autres.
Beaucoup plus adroitement, Jean-Claude Genot (La nature malade de la gestion) évoque « l’obsession de contrôle », et les clés pour continuer d’inventer les lendemains de la relation homme-nature. Indirectement, le professionnel que je suis, au-delà des « retours sur expérience », est aussi dans l’attente d’un éclairage sur ce qui pourrait être.