Provence-Alpes-Côte d’azur

La mobilisation des acteurs du territoire s’avère cruciale

 
Le Dossier

Carine Ritan
PNR Alpilles
Didier Olivry
PNR Camargue
Thierry Tatoni
IMEP
Raphaël Mathevet
CNRS-CEFE

Facteurs déterminants de réussite : la démarche fut participative, incrémentale et prospective.

Ce qui est intéressant dans un tel projet, c’est sa capacité à mobiliser tous les acteurs d’un territoire, aussi divers soient-ils. Si la mise en place d’une Trame verte et bleue en région Paca permet de valider ce constat, elle ouvre cependant une question concrète et complexe : comment organiser la confrontation des acteurs et faire émerger des visions communes ?
Sur la ritournelle de cette interrogation mille fois posée, une réponse s’offre en clé de voûte : prendre le temps de s’accorder sur le sens de la démarche.

L’étape est prioritaire. Elle passe avant toute autre, y compris l’état des lieux.
C’est ainsi que les cinq parcs naturels régionaux de Paca ont, pendant dix-huit mois, mené un travail en s’appuyant sur l’émergence des différentes représentations portées par les partenaires.
Lors de la première réunion du groupe général (cent personnes), et alors qu’il fallait définir l’utilité de la trame, deux perceptions se sont fait jour : d’une part une vision globale qui place la biodiversité au sein d’une dimension liée à l’aménagement du territoire ; d’autre part, une vision technique qui fait de la trame un instrument au service de la protection de la nature et de la connectivité des milieux (cartes, inventaires…).
Forte d’un accompagnement scientifique1 et du soutien d’une société de management2, diverses réunions ont permis de trouver les points de rapprochement entre ces deux paradigmes.
Les participants ont démontré que la fonctionnalité des milieux, la pertinence de leur reconnexion (connexité) face aux enjeux d’érosion de la biodiversité devaient questionner les politiques publiques. Et, loin d’être une déclaration d’intention, ils ont défini le cadre concret d’une politique d’aménagement du territoire : cette dernière doit rechercher des alternatives conciliant activités humaines, urbanisation et biodiversité. Les acteurs ont arrêté que ces politiques doivent dépasser le champ des espaces sanctuarisés (sites protégés…) pour intervenir directement dans les choix d’aménagement du territoire.
Il semble évident aujourd’hui que le succès repose majoritairement sur cette phase préliminaire qui a conduit à définir, ensemble, le sens de la démarche et la définition de ses objectifs.

Qui choisir ? Une autre question s’était posée aux parcs promoteurs. Comment choisir les acteurs représentatifs ? La sélection des structures est cruciale. Si la réponse suppose une connaissance du terrain, quelques règles clés se posent : une structure sera représentée par la même personne tout au long du projet. Il lui sera donné les moyens (documents…) d’assurer un retour d’information auprès de son réseau.
Sept étapes clairement définies (cadrage et timing) ont été marquées par des ateliers de production associés à des travaux scientifiques.
Mais parlons un peu de l’état des lieux, phase trois de la méthodologie. En effet, un choix, étonnant peut-être, a conduit à faire réaliser ce travail par le groupe général lui-même, de manière interactive avec techniciens, scientifiques et cartographes. L’intérêt ? Garantir l’absence de parti pris, répondre aux interrogations et faire tomber les idées préconçues. Mais aussi renforcer la logique d’une démarche partagée impliquant des acteurs souvent écartés de ces phases de travail car non spécialistes de la question.
Et si, pour faire des choix, on se projetait dans l’avenir ? Le groupe général a eu en charge de porter une vision prospective. Après s’être enquis de l’évolution des pressions sur l’environnement (en s’appuyant sur des points de vue d’experts), son travail l’a conduit à construire trois scénarios d’évolution puis à soupeser leur impact sur la biodiversité et sur la connectivité des milieux. Le groupe a ensuite réagi et produit les leviers d’action permettant de répondre.
L’exploration des interdépendances globales, régionales et locales… et le fait de se projeter dans le cadre de scénarios prospectifs permettent aux participants de mieux s’approprier les enjeux et de mobiliser les outils adaptés.

1. Institut méditerranéen d’écologie et de paléoécologie. CNRS • 2. Prospica.