La marque « Parc viande bovine » : un bon plan pour le patrimoine
Espaces naturels n°20 - octobre 2007
Jean-Luc Langlois
Chargé de mission Agriculture - PNR du Vercors
Depuis sa création en 1970, le parc naturel régional du Vercors, travaille sur la valorisation des produits et patrimoines, en lien étroit avec l’association pour la promotion des agriculteurs du parc. Mais le patrimoine naturel y trouve-t-il vraiment son intérêt ?
Les valeurs « territoire » et « environnement préservé » font partie des valeurs de la marque « Parc » définies au niveau national. Les éleveurs de bovins, viande du parc du Vercors, l’ont bien compris. Aussi, avec des artisans bouchers, ils ont, dès 1996, souhaité afficher leur appartenance à ce territoire. En mettant en avant leurs pratiques d’élevage extensives de montagne, à base d’herbe l’été et de foin l’hiver, ils ambitionnaient de se démarquer du marché national et international. Or, notamment parce que leurs pratiques contribuent au maintien de la qualité des paysages, le parc naturel régional du Vercors a accompagné les démarches de valorisation des produits et favorisé la transformation et la vente de produits agricoles en circuits courts. Circuits courts qui permettent également de maintenir des structures d’exploitation de dimensions réduites sur le territoire. Plus nombreuses, elles sont ainsi le gage d’emplois afférents.
Mais la question se pose : quid des retombées sur le patrimoine naturel ? Celles-ci existent, même s’il convient de concéder qu’elles sont très indirectes.
À ce jour, treize éleveurs (deux vendent directement à la ferme) et sept artisans bouchers sont engagés dans la « viande bovine, produit du parc naturel régional du Vercors ». Les bouchers affichent la marque « Parc » ; laquelle garantit la traçabilité et permet aux consommateurs de « remonter » jusqu’aux éleveurs. Cette situation débouche sur un constat : la relation directe entre éleveurs et consommateurs joue un rôle important. On observe en effet, que les consommateurs font part des questions, préoccupations, inquiétudes qui, de plus en plus, concernent les thèmes de l’environnement, du patrimoine. Ce contact direct incite alors les agriculteurs à porter un regard différent sur leurs activités, sur leurs façons de faire et, notamment, leur impact sur le milieu.
Ainsi, dans le cadre d’un travail en groupe, traitant de la valorisation de leur filière, des éleveurs en sont arrivés à s’interroger sur la valeur fourragère de leurs prairies pâturées et fauchées, et de la perte d’une biodiversité dans la flore. Concrètement, pour répondre à ces interrogations, une action démarre avec des « diagnostics prairies » sur cinq exploitations bénéficiaires de la marque « Parc ». Ce travail est conduit avec le service d’utilité agricole de coopération interdépartemental (SUACI), animateur du groupement d’intérêt scientifique des Alpes du Nord. Les apiculteurs, qui trouvent de moins en moins de prairies fleuries, sont intéressés et associés.
La marque « Parc » est alors un outil structurant pour ces démarches. On peut très bien imaginer que la charte sur laquelle elle repose puisse, lors d’une évolution programmée, intégrer plus clairement la prise en compte de la biodiversité et la préservation du patrimoine naturel.