Et si on créait un club nature ?
Espaces naturels n°34 - avril 2011
Arnaud Callec
Connaître et protéger la nature "Les renardeaux de Pinet"
Un club Connaître et protéger la nature (CPN), c’est un groupe d’enfants, d’ados ou d’adultes qui ont décidé de mieux la connaître et de la protéger. On s'initie à la nature par la nature.
Pas besoin de créer une structure associative ! Il suffit d’adhérer à la fédération Connaître et protéger la nature, d’approuver la charte et de choisir un nom. C’est fait. Votre club personnel CPN est créé. Il ne vous reste plus qu’à vous retrouver en nature, le temps de l’envie ou du besoin… deux heures chaque mercredi ou une fois par mois, jeunes, adultes, familles, enfants. Certains clubs existent depuis plus de trente ans. Ici, les plus expérimentés accompagnent les novices. S’agit-il de promouvoir l’environnement ? De sensibiliser à la nature ? De former aux milieux naturels ? Si la soif d’apprendre et de transmettre les connaissances constitue une motivation des membres, il faut reconnaître que, plus simplement, on s’éduque à la nature par la nature. À Saint-Martin-d’Uriage, « Les renardeaux de Pinet » plébiscitent le bivouac. On se lève à cinq heures pour écouter et admirer les parades de tétras-lyre en Chartreuse. Les parents participent. Leur représentation du monde a changé. « Les grenouilles agiles », de la Réserve naturelle du marais de Lavours, aiment marcher dans les bois, faire crisser l’herbe mouillée et s’enfoncer dans les chemins de boue… et qu’importe s’il pleut, s’il neige. On sort « pour voir comment la nature s’adapte en hiver » mais, à la vérité, copains, copines, chaque rencontre est avant tout l’occasion du plaisir. Vivre… c’est jouer. « L’activité d’un club CPN permet de développer une autre relation avec les habitants, de faire en sorte que leurs enfants participent à des activités nature en dehors du temps scolaire », témoigne Franck Miraman, animateur à la Réserve naturelle nationale de Sixt Passy. « De ce point de vue, elle est complémentaire des actions menées par l’espace naturel protégé. Parce qu’elle touche les enfants du village, elle favorise l’intégration de la réserve naturelle au niveau local. Celle-ci n’est pas vue sous l’angle de contraintes. » À tout coup, une manière de déminer d’éventuels conflits ! Géraldine Ravier, animatrice dans la Réserve Grand Pierre et Vitain, développe, elle, l’importance de la synergie. « Nous travaillons beaucoup avec le club nature implanté sur la commune de Marolles. C’est un club important qui, en plus des adultes, compte plus de soixante enfants. Nous nous appuyons sur eux pour nos actions de sensibilisation par exemple. Ils sont devenus nos partenaires. D’ailleurs, ils savent qu’ils peuvent compter sur nous pour intervenir, même hors réserve. Récemment, nous avons participé à une action qu’ils avaient organisée autour de la nuit de la chouette. » Dans les projets qu’ils mènent, les clubs nature mettent leurs membres en position de responsabilité : une école de la citoyenneté ancrée localement, dit la charte. Ainsi, dans la Réserve naturelle de Grand Pierre et Vitain, le club CPN s’implique dans des actions, telle la plantation de haies dans le cadre de la campagne nationale « La nature sur les bords ». Tandis que « Les renardeaux de Pinet » ont choisi d’identifier les arbres remarquables de la commune et de s’impliquer dans la vie et la gestion de l’espace naturel sensible des seiglières. Tous les clubs, en effet, sont ancrés sur leur territoire. Sans doute pour cette raison, ils viendront en parler lors de leur rencontre internationale en août prochain. Du reste, vous êtes conviés…