Document unique de prévention des risques

« L’obligation légale est déterminante »

 
La parole à Christine Dietz

Espaces naturels n°15 - juillet 2006

Management - Métiers

Christine Dietz
Secrétaire générale du Parc national de la Vanoise et chef de projet

 

Le Parc national de la Vanoise procède actuellement à l’élaboration de son Document unique de prévention des risques. Une centaine de salariés sont concernés. La démarche adoptée est celle préconisée par le ministère (voir article p. 34). Christine Dietz, qui pilote le projet avec Pascal Langer, nous rend compte des réalités…

Toutes ces réunions, ces formations, ces synthèses… pour produire un document administratif. Un de plus ?
Cela peut donner cette impression… Pourtant, après chaque réunion, et nous avons fait neuf groupes de travail avec toutes les équipes de travail des secteurs et des services du siège, jamais personne ne nous a dit cela. Au contraire. Les gens ont expliqué qu’ils avaient touché du doigt la réalité humaine de leur travail. La démarche préconisée par le ministère, et qui consiste à répondre à une enquête point par point, paraît assez fastidieuse. Il y a trente-deux fiches de risques à passer en revue. Cela paraissait un challenge d’y réussir en trois heures. Finalement on s’est rendu compte, d’abord que c’était possible et, surtout, que c’était très intéressant de mettre autour d’une même table des membres d’une équipe.
Vous pouvez illustrer… ?
Dans un bureau, par exemple, une activité d’été nécessitait d’user de formol. Les flacons étaient entreposés à même le sol. Personne n’avait prêté attention à ces flacons. L’échange sur les risques professionnels a permis de prendre conscience du danger. Ce sont les autres salariés qui ont interpellés leurs collègues sur cette manière de faire. Ce regard extérieur, provenant de gens de la même organisation, a été déterminant.
De nombreux échanges donc ?
Oui et non, c’est une des difficultés. Il faut limiter le temps d’échanges. Si on discute trop, on ne tient pas le timing. En revanche, il est important que toutes les personnes aient entendu la même chose au même moment.
Qu’est-ce qui va changer ?
Beaucoup de choses… D’ores et déjà, nous avons modifié notre manière d’accueillir les stagiaires. Nous avons mis en place une période d’accompagnement spécifique de deux jours pour tester leurs capacités en montagne et vérifier qu’ils connaissent le maniement de la radio par exemple. Et puis, plus simplement, nous avons acheté des escabeaux pour ne plus monter sur les chaises à roulettes. L’organisation du travail aussi risque de changer. Nous sommes tombés d’accord pour dire que si l’on a fait un comptage d’animaux et que l’on s’est levé à trois heures du matin, on ne reprend pas sa voiture sans prendre un temps de repos. Nous assistons à un changement des mentalités et à une prise de conscience.
Il fallait une obligation légale pour en arriver là ?
Oui. Certes, tout le monde s’accorde pour donner de l’importance à la sécurité mais on a toujours quelque chose à faire de plus urgent que d’y penser.
Si la démarche était à refaire, que changeriez-vous ?
Le groupe de pilotage aurait pu se préparer davantage avant de se rendre dans les unités de travail. Il est important de savoir répondre aux questions les plus pointues afin d’aller au plus loin dans la réflexion. Par exemple, nous n’avons pas su répondre aux questions sur l’électricité statique. Mais il n’y a pas eu obstacles, ni psychologiques ni techniques, à la mise en place de ce travail. Le directeur était très motivé, c’est un très bon point car l’implication de la hiérarchie est fondamentale.

Recueillis par Moune Poli