Cren Franche-Comté et ONF

Conserver des réseaux de mares

 
Gestion patrimoniale

Olivier Scher
Pôle-relais Mares, zones humides intérieures et vallées alluviales Fédération des PNR

 

Les mares sont essentielles au maintien de la biodiversité aquatique mais c’est la conservation des réseaux qu’elles forment qui assure cette fonction à long terme.

Comment s’y prendre pour travailler à l’échelle d’un réseau de mares ? Quels sont les préalables à l’identification de ces réseaux et quels moyens mettre en œuvre pour les conserver ?
Dans l’optique d’une réponse opérationnelle, le programme régional d’action pour les mares1 constitue une approche innovante, développée depuis 2005 par le Cren Franche-Comté et l’ONF. Il bénéficie d’un partenariat associant gestionnaires d’espaces naturels, acteurs forestiers et naturalistes2.

L’étape préliminaire a consisté en l’acquisition de connaissances sur la répartition des mares. Un recensement, basé sur les informations fournies par les acteurs du territoire (naturalistes, agents forestiers, propriétaires privés, communes) et par une analyse orthophotographique, a été réalisé. Près de 2 000 mares ont ainsi été géoréférencées, conduisant à une meilleure perception de leur semis régional.
Ensuite, et afin d’identifier les réseaux, les modalités permettant de les définir ont été arrêtées.
Les critères utilisés reflètent à la fois les attentes des financeurs, les enjeux patrimoniaux régionaux sur certaines espèces et les connaissances empiriques acquises sur le terrain. Ils retiennent notamment les critères de connectivité ou encore de patrimonialité (cf. encadré ci-contre). Ainsi, le critère de connectivité s’appuie-t-il sur la densité de mares par km².
D’autres critères auraient pu aussi bien être retenus, tels les distances de dispersion des espèces cibles, le cœfficient de résistance des habitats, etc. Cependant la densité des mares est une donnée facile à acquérir (grâce aux outils SIG).
Les réseaux sélectionnés ont ensuite fait l’objet d’un diagnostic plus poussé afin de caractériser les mares (données physiques, inventaire des amphibiens, description sommaire des formations végétales, évaluation des menaces et atteintes) et l’espace les séparant (occupation du sol, inventaire des barrières et corridors). Cette prise en compte globale de la matrice paysagère est fondamentale.

Étape ultime de la démarche de sélection : la hiérarchisation des réseaux sur lesquels intervenir. Celle-ci s’est appuyée sur l’état de conservation des mares et de l’espace inter-mare. Une notation de divers critères (cf. tableau 1) a été mise en place. Elle s’attarde sur les menaces et atteintes qui pèsent sur chacune des mares, sur la valeur patrimoniale du réseau pour les amphibiens, sur les potentialités d’intervention en fonction de la nature des propriétaires et de la vocation de la mare.
Quant à la qualité de la matrice, elle a été évaluée à dire d’expert. En effet, même fine, la cartographie ne permet généralement pas de savoir si un fossé représente un corridor ou une barrière. Si cette fonction est assurée dans un sens, pas dans l’autre. Si elle peut évoluer dans le temps.
C’est pourquoi, il convient de trouver un compromis entre la nécessité de prendre en compte ces éléments et le temps nécessaire pour les cartographier.
Dans le cas présent, six réseaux (totalisant environ 200 mares) ont été sélectionnés pour mettre en place une démarche de plan de gestion conservatoire, en accord avec les communes et les propriétaires concernés.

Des plans de gestion ont alors pu être mis en place pour la période 2009- 2013. Les opérations ont été définies à l’échelle de chaque mare et du réseau complet, en orientant la gestion vers une amélioration de sa fonctionnalité globale, ce qui signifie que les travaux concernent aussi bien des restaurations/creusements de mares que des plantations de haies ou des reconversions de cultures en prairies…
Cette démarche intégrée se rapproche ainsi du programme « Gestions de territoire » mené en Picardie par la région et la chambre régionale d’agriculture.
Un premier bilan et nous notons que ces plans ont permis de préciser le diagnostic naturaliste des mares (inventaire floristique, données qualitatives sur les odonates, cartographie de la végétation). Ils ont permis d’affiner le diagnostic sur l’état de conservation de l’espace inter-mare, notamment par une cartographie des corridors/barrières et de l’occupation des sols. Animation, communication et financement des travaux, ont également permis de mobiliser gestionnaires et propriétaires.

1. Financé par l’Agence de l’eau Rhône-Méditerranée-Corse, La région Franche-Comté et les conseils généraux du Doubs, Jura, Haute-Saône et Territoire de Belfort. • 2. Ligue de protection des oiseaux, Conservatoire botanique national de Franche-Comté, Office pour les insectes et leur environnement, réseau des CPIE de Franche-Comté, Société botanique de Franche-Comté, Centre régional de la propriété forestière.