La lutte contre l'étalement urbain : une priorité pour préserver les milieux naturels
Espaces naturels n°45 - janvier 2014
PNR de la Haute Vallée de Chevreuse
www.parc-naturel-chevreuse.fr Démarche Bimby
http://bimby.fr/ Fabien Paquier
directeur adjoint
La fragmentation des milieux naturels fait partie des facteurs importants de perte de biodiversité. L’une des principales raisons : l’urbanisation galopante, avec notamment un étalement des zones urbaines pouvant prendre des formes peu denses. Aujourd’hui, avec une tendance de 86 000 hectares par an, c’est l’équivalent d’un département français qui est urbanisé en seulement dix ans ! Aux portes de l’agglomération parisienne, le PNR de la Haute Vallée de Chevreuse n’est pas épargné par ce phénomène. La construction de vastes quartiers pavillonnaires et de zones d’activités, les réseaux de transports afférents et autres voies de contournements se développent depuis les années 70. Cela provoque une destruction irréversible d’espaces agricoles et d’habitats naturels et une rupture dans les continuités écologiques. L’étalement urbain est également à l’origine de la banalisation des paysages : rien ne ressemble plus à un quartier de maisons individuelles qu’un autre, en vallée de Chevreuse ou ailleurs. à la perte d’identité des territoires s’ajoutent les problèmes de réseaux, d’accès des habitants aux services et de transports liés à ces formes urbaines.
Pour autant, il est important – et plus encore en Île-de-France - de renforcer l’offre de logements. Pour répondre à cela, le PNR a inscrit dans sa charte des enveloppes urbaines dans lesquelles l’urbanisation doit s’intégrer pour préserver espaces agricoles, paysages et milieux naturels sensibles ainsi que des objectifs en matière de densité pour toute nouvelle urbanisation. Afin de trouver des formes urbaines plus compactes, le Parc a expérimenté avec le CETE Île-de-France la démarche BIMBY (Build in my backyard, construire dans mon jardin, par opposition à la posture plus défensive NIMBY – Not in backyard). L’objectif est de permettre une évolution des quartiers pavillonnaires par la création de nouveaux logements sans consommer de nouveaux espaces naturels : découpage parcellaire, extension ou création de nouveaux bâtiments permettant l’accueil de petits logements. Un renouvellement urbain par la densification des quartiers pavillonnaires. Cela passe par des entretiens individuels menés par des architectes pour identifier les besoins et les projets des habitants. C’est ensuite aux élus de choisir le type de projets qu’ils souhaitent voir dans leur commune – au regard des tissus urbains existants, de l’histoire de la commune et de chaque quartier et des voies de communication - en transcrivant certaines règles dans leur Plan local d’urbanisme. Le taux d’artifi cialisation que l’on observe dans les PNR est la moitié de celui observé dans le reste de la France (1,6 % dans les PNR entre 2000 et 2006, contre 3 % hors PNR) alors que l’évolution de la population et de l’emploi est presque aussi forte (3,8 % contre 5,1 % hors PNR). Ces chiffres démontrent que les PNR - dotés de chartes, résultats d’un long travail de concertation avec les acteurs du territoire, et d’équipes de terrain – sont efficaces dans la maîtrise de l’étalement urbain.