Changement climatique

S’adapter plutôt que se déplacer

 

Espaces naturels n°43 - juillet 2013

Le courrier

John Thompson

 

Riche en exemples de modifications de distribution géographique d’organismes biologiques en association avec les changements climatiques, la littérature scientifique nous renseigne peu sur la réponse évolutive des espèces à ces changements. Au lieu de se déplacer, les espèces ne pourraient-elles pas tout simplement s’adapter ? Pas évident pour certains : l’adaptation est un long processus et souvent en décalage avec les changements d’environnement. Or, dans une étude en cours de parution dans PNAS 1, une équipe de chercheurs au Cefe à Montpellier a détecté des changements dans la distribution spatiale des types chimiques du thym (Thymus vulgaris) dans les garrigues du Midi qui résulteraient d’un réchauffement en cours. Chez le thym, les types phénoliques qui sont sensibles aux forts gels de l’hiver étaient autrefois exclus de certaines zones très froides en hiver où seules les types non-phénoliques et résistants étaient présents. C’était la situation au début des années 1970. Or, l’examen des températures minimales montre que les extrêmes ne sont plus ce qu’ils étaient : aucun gel capable d’exclure les types phénoliques depuis plus de 25 ans… Une analyse contemporaine montre en effet une augmentation significative de la fréquence des types phénoliques avec même leur apparition dans les populations autrefois non-phénoliques. Il s’agit là d’une réponse adaptative très rapide à une relaxation d’une pression de sélection associée aux extrêmes de température. La distribution de l’espèce ne change pas, c’est l’organisation spatiale de son patrimoine génétique qui change. Bob Dylan nous a annoncé les changements climatiques en cours dans une chanson très célèbre sortie il y a 50 ans, et il avait bien raison, « The thymes they are a-changin » ! •

1. Proceedings of the National Academy of Sciences (USA) 2013 ; en ligne February 4, 2013, doi : 10.1073/pnas.1215833110.