Fonction publique

Devenir fonctionnaire territorial pour protéger la nature

 
Management - Métiers

Si l’accès à la fonction publique territoriale s’est restreint ces dernières années pour les diplômés de l’université, ce statut propose des parcours intéressants dans le domaine des espaces naturels à une multitude de profils.

Les collectivités territoriales, comme ici en Isère, recrutent des agents pour la biodiversité.

Les collectivités territoriales, comme ici en Isère, recrutent des agents pour la biodiversité.

Gestion d’espaces protégés, animation de sites Natura 2000, mise en œuvre de trames vertes et bleues ou de la compétence de gestion des milieux aquatiques et de prévention des inondations récemment attribuée aux pouvoirs publics locaux… La liste est longue et diversifiée concernant les postes ouverts aujourd’hui dans les collectivités territoriales (communes, intercommunalités, départements et régions) et les autres structures liées à la Fonction publique territoriale (syndicats mixtes, tels que les Parcs naturels régionaux (PNR), etc.) pour œuvrer à la préservation de la biodiversité, sur les questions d'environnement et de développement durable. Alors comment intégrer la Fonction publique territoriale (FPT)1 lorsqu’on est diplômé en écologie et poursuivre dans cette voie ?
Une première étape possible pour découvrir les collectivités territoriales et les postes qui y sont proposés est d’être embauché comme agent contractuel. Ces postes se révèlent être assez fréquents dans la FPT. Mais ces contrats n’ayant pas vocation à perdurer dans les collectivités, il convient de passer un concours pour engager une carrière longue. 
Le chemin sera alors plus ou moins semé d’embûches, selon le type de poste visé et le parcours de formation initiale. Plusieurs pistes existent pour entrer dans la fonction publique territoriale lorsqu'on est diplômé en écologie et que l'on souhaite poursuivre dans cette voie.

Concours et catégories

Les concours d’entrée dans la fonction publique territoriale comportent une épreuve écrite et une épreuve orale. Deux « filières » sont proposées, l’une administrative et l’autre technique. Les postes en prise directe avec les espaces naturels conduisent en général les candidats à s’orienter vers la seconde entrée. Mais les autorités ne réservent qu’une place limitée aux questions environnementales dans celle-ci.
Il existe dans la fonction publique trois catégories qui recrutent à des niveaux divers et donnent accès à des postes de niveaux hiérarchiques allant croissant de la catégorie C à A. Chacune de ces catégories étant représentée dans les organismes de la fonction publique territoriale œuvrant dans le domaine des espaces protégés, vous pouvez travailler dans ce secteur quel que soit votre niveau de formation. La catégorie A correspond aux fonctions de « conception et de direction », comme l’explique le Centre national de la fonction publique territoriale.(CNFPT), le recrutement s’effectuant à partir du niveau bac +5. La catégorie B est associée aux « fonctions d’application » et est ouverte à partir du baccalauréat. Les fonctionnaires de la catégorie C assurent quant à eux des fonctions « d’exécution » et doivent au minimum être détenteurs d’une qualification professionnelle spécialisée de type BEP/CAP. Mais, dans le détail, les conditions d’accès et les modalités des concours ne sont finalement pas si ouvertes qu’il n’y paraît...

Un processus d’éligibilité inégalitaire

Si tous les diplômés allant jusqu’au Bac dans un domaine lié à l’environnement peuvent prétendre passer le concours de la fonction publique territoriale, il n’en est plus de même pour les bac +5 visant la catégorie A depuis que les conditions d’accès se sont restreintes à la fin des années 2000. Tous les diplômés bac +5 ne sont ainsi pas mis à la même enseigne pour accéder au concours d’ingénieur territorial (cadre A). Affichez un diplôme d’ingénieur et vous pouvez vous inscrire illico. Ça se complique si vous êtes issu des filières universitaires... Il faut en effet désormais, pour la plupart des détenteurs d’un master, solliciter une équivalence de diplômes pour être éligible au concours d’ingénieur territorial. Une multitude d’informations sont alors demandées et l’équivalence n’est accordée que si une commission ad hoc reconnaît le caractère « scientifique et technique » du bagage, depuis le bac compris, quel que soit le poste que vous occupez déjà éventuellement, fusse-t-il précisément technique et scientifique.
Damien (le prénom a été changé), chargé de mission travaillant sur la biodiversité dans une structure intercommunale, a obtenu son équivalence en 2015. Mais tous ses compagnons d’études ou de travail n’ont pas eu la même chance : « Jusqu’au master, j’ai étudié la biologie, ça aide pour l’équivalence, mais les bagages universitaires en géographie ou urbanisme par exemple laissent beaucoup moins d’espoir. Alors les gens passent le concours d’attaché administratif qui est moins restrictif à l’entrée. » Une fois l’inscription au concours rendue possible, les candidats au concours ingénieur au profil environnemental n’en ont pas fini avec les déboires. 
À la différence des techniciens, aucune spécialité n’est à même de les évaluer dans le domaine des espaces naturels ou de la biodiversité. Alors la majorité se replient vers la spécialité « urbanisme, aménagement et paysages », la moins éloignée de toutes par rapport à leurs compétences. « Le concours d’ingénieur territorial a pour objectif d'évaluer la capacité des candidats à exercer dans une collectivité territoriale, pas à vérifier leurs compétences techniques », précise à ce sujet Patrick Berger, président de l’Association des ingénieurs territoriaux de France.

Faire son chemin

La fonction publique territoriale s’avère moins attractive que son homologue d’État, notamment parce que les perspectives d’évolution de carrière y sont moins généreuses. Par ailleurs, les rémunérations varient assez nettement entre les collectivités (le salaire étant constitué d’une grille indiciaire, commune à toutes, et de primes à la discrétion de chacune). Mais les postes disponibles en collectivités territoriales offrent, pour certains d’entre eux, une approche transversale possible entre disciplines, ce qui est apprécié. Cela permet de tracer des parcours professionnels diversifiés et d’autant plus pertinents pour l’agent et l’organisme qui l’accueille. C’est le cas, par exemple, dans les PNR.
Autre intérêt de la fonction publique territoriale : ses agents peuvent bénéficier de passerelles leur permettant d’aller travailler dans d’autres organismes. Un fonctionnaire territorial peut ainsi être détaché dans un établissement public (parc national, conservatoire du littoral, etc.) ou encore une association liée aux collectivités territoriales ou assimilées. Les fonctionnaires territoriaux construisent s’ils le souhaitent des parcours professionnels diversifiés qui contribuent à leur épanouissement et les rendent d’autant plus compétents.

(1) Fin 2015, la FPT comptait 1 984 000 agents (y compris ceux sous contrats aidés) contre 2 477 000 dans la fonction publique d’État.