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Médiateur scientifique. Multi-casquettes, multiples enjeux

 

Espaces naturels n°67 - juillet 2019

Management - Métiers

Christophe Tréhet

Intermédiaire entre le citoyen curieux et les chercheurs, le médiateur scientifique doit redoubler de créativité pour faire connaître ce que la recherche fait émerger.

Exposition à la Réserve naturelle nationale de la forêt de la Massane début 2019. © Diane Sorel

Exposition à la Réserve naturelle nationale de la forêt de la Massane début 2019. © Diane Sorel

Comment partager et transmettre au grand public les enseignements scientifiques obtenus sur un espace naturel protégé ? La question se pose pour nombre de ces espaces, qui accueillent ou mènent aujourd’hui des travaux de recherche. Tel est le cas de la Réserve naturelle nationale de la forêt de la Massane, d’une surface de 336 ha, non exploitée depuis plus d’un siècle et où s’effectuent de multiples études sur les écosystèmes forestiers. En poste à mi-temps à la réserve, Diane Sorel y est en charge de la communication scientifique : « J'exclus le terme de vulgarisation scientifique au profit de la communication ou de la médiation. La vulgarisation suppose qu’un sachant s’adresse au non-sachant en simplifiant son discours, alors qu’ici l’idée est de créer des liens entre le public et les chercheurs. » L’accueil du public ayant tendance à se restreindre dans la forêt de la Massane, afin d’y éviter les perturbations et dégradations du milieu, Diane Sorel et l’équipe de la réserve multiplient les dispositifs hors site, tels que des expositions itinérantes, et offrent un riche panel de publications en ligne. En 2019, la réserve propose ainsi, pour chaque projet de recherche mené sur la forêt de la Massane, une infographie destinée au grand public sur son site internet, qui viendra compléter les interviews de chercheurs déjà disponibles. Diane Sorel échange quotidiennement avec des chercheurs, produit des documents papier ou numériques, fait des photos, monte des vidéos, pilote un drone. Bref, elle est multitâches ! Un défi qu’elle relève avec motivation grâce à un double cursus de formation en écologie et en communication scientifique, qui se révèle « très clairement un plus » selon elle lorsqu’on ambitionne de travailler dans la médiation scientifique, au même titre qu’un double cursus incluant des études de journalisme.

FAIRE SAUTER LES BARRIÈRES

« Au-delà de la valorisation des milieux et espèces présentes sur le site, nous souhaitons également mettre en perspective ce qui est observé à la Massane avec des problématiques plus larges, comme le changement climatique », poursuit la chargée de mission qui s’attache à « montrer que le monde de la recherche n’est pas fermé » et à « inciter les gens à être acteurs, au travers par exemple de la science participative. »

La vulgarisation suppose qu’un sachant s’adresse au non-sachant en simplifiant son discours, alors qu’ici l’idée est de créer des liens entre le public et les chercheurs.

Lorsqu’un espace naturel protégé n’a pas les moyens de diffuser seul le fruit des recherches qu’il héberge, des partenariats peuvent être imaginés. La réserve de la forêt de la Massane a pour sa part développé un partenariat avec le Biodiversarium, centre de culture scientifique de l'Observatoire de Banyuls – Sorbonne Université.
Au sein de Cap sciences, le Centre de culture scientifique, technique et industrielle de Bordeaux/Nouvelle-Aquitaine, Françoise Fournié tisse quant à elle des réseaux avec l’ensemble des acteurs intervenant notamment dans le domaine de l’environnement « afin de rendre la complexité accessible à tous ». Un défi toujours d’actualité selon cette dernière car « certains publics restent encore éloignés » de ce que proposent les Centres de culture scientifique, technique et industrielle (CCSTI).

Un défi toujours d'actualité : rendre la complexité accessible à tous.

DÉVELOPPER LA MÉDIATION SCIENTIFIQUE

Pour financer le mi-temps dédié à la médiation à la Réserve de la forêt de la Massane, Diane Sorel indique qu'un petit budget est prévu pour l'impression de la revue. Tout autre appui est obtenu en fonction des projets et des recherches de financements que cela suppose. Si cette mission ne peut être assurée en interne, il est possible de faire appel à des prestataires extérieurs ou de créer des partenariats avec des agences de communication scientifique, des associations, des muséums.

Un espace naturel protégé n’a pas les moyens de diffuser seul le fruit des recherches qu’il héberge, des partenariats peuvent être imaginés.

Diane Sorel indique que, selon elle, un bon prestataire en médiation des sciences doit savoir accompagner la structure productrice de savoirs dans toute sa démarche. Il peut intervenir pendant la conception et la réalisation du projet, mais aussi durant la recherche de financements si elle est nécessaire. Par ailleurs, les formations universitaires cherchent régulièrement des stages et projets pour leurs étudiants, ce qui offre une autre piste. Il peut s'agir des formations en médiation scientifique mais également de celles en journalisme scientifique, si l'on souhaite développer les axes rédactionnels. Autant de pistes à explorer.