Et si on passait aux réserves mobiles ?

 
Le Dossier

Denez L’Hostis
France nature environnement

 

Les réserves actuelles ont des périmètres fixes. Cette notion intangible des frontières reste le modèle à privilégier. Convenons cependant qu’elle présente des limites et des inconvénients : en effet, elle ne permet pas toujours l’adaptation à la réalité mouvante du terrain. La même intensité d’effort est nécessaire quel que soit le niveau de menace (à la baisse ou à la hausse) ou de gestion mis en œuvre.
Faut-il alors envisager des réserves mobiles ? Le concept peut recouvrir différentes acceptions et modalités de gestion. Ces réserves flottantes peuvent en effet tenir compte de la mobilité des espèces qui, à un certain moment, peuvent restreindre leur aire de présence dans des espaces inférieurs aux limites de l’AMP. La réserve flottante pourrait alors « libérer » les aires non concernées pour des activités acceptées par les gestionnaires.
A contrario, ces espèces peuvent sortir des AMP et ne plus bénéficier de protection. Pourquoi ne pas envisager que les zones interdites à la pêche, ou à certains engins, puissent tourner en fonction de la présence des espèces à protéger ; espèces qui d’ailleurs peuvent être accessoires à la cible de pêche ? L’hypothèse de réserves mobiles permettrait, aussi, de cibler des espaces liés à des périodes cruciales pour certaines espèces mobiles.
Considérons également qu’à l’intérieur des aires marines protégées, tout l’espace n’est pas concerné par des espèces menacées. Il serait alors possible d’envisager des rotations de la protection (jachère) de certains espaces sélectionnés.
Ces réserves mobiles pourraient aussi tenir compte de l’évolution spatiale de la biodiversité. Celle liée par exemple au changement climatique qui conduit à l’apparition d’espèces envahissantes aux frontières externes de l’AMP ou encore celle liée à la recherche de nourriture…
Dans certains cas, cette démarche d’adaptation pourrait aussi améliorer le niveau d’acceptabilité sociale des décisions. L’hypothèse vaut bien qu’on y réfléchisse. •