Comment on fait ?

Explorer en eaux profondes avec un sous-marin téléguidé

 
Le Dossier

Boris Daniel
Chargé de mission antenne Méditerranée. Agence des aires marines protégées

 

Comment accéder aux têtes de canyons de la façade méditerranéenne française dans la zone comprise entre 100 et 700 mètres de profondeur ? Nous souhaitions y établir un état de référence de la biodiversité. Il nous fallait des moyens techniques spécifiques ; à ces profondeurs, la plongée en scaphandre autonome n’est pas envisageable. Nous avons donc fait appel à un sous-marin téléguidé depuis la surface (ROV : Remotely Operated Vehicule) et à un sous-marin autonome pour deux personnes (un pilote et un scientifique) pouvant descendre à plus de 600 mètres pendant quatre heures.
Le navire océanographique de surface permettait l’embarquement simultané de ces deux outils, de l’équipe technique et des scientifiques sur une ou plusieurs journées. En effet, certains canyons sont situés à plus de huit heures de navigation d’un port, il n’est pas possible de rentrer
quotidiennement.
Pour revivre les plongées et compléter nos observations, la vidéo s’est immédiatement imposée. Les scientifiques ne participant pas aux missions de terrain ont pu ainsi accéder à l’ensemble des observations brutes. La vidéo permet de ne pas se limiter aux photos et aux commentaires produits directement derrière les écrans de contrôle du bateau.
Par ailleurs, nous avons profité de cette mission pour faire des prélèvements d’espèces. Là encore, il a fallu adapter les outils pour les réussir et en limiter l’impact. Le bras mécanique du ROV a été adapté pour permettre la récupération d’espèces souvent fragiles. Une fois récupérés, les échantillons étaient déposés et sécurisés dans une cage, composée de deux paniers acier, immergée au-dessus de la zone de prélèvement. Les techniques ont évolué depuis la soucoupe plongeante du commandant Cousteau et si elles permettent de restreindre les contraintes liées à l’accessibilité de ces zones, le coût reste important. Ainsi le coût de la campagne représente près de 1,4 millions d’euros pour 132 jours en mer sur deux ans. •