Réseau d’aires marines

Le train est lancé...

 
Le Dossier

Laurent Germain
Agence des aires marines protégées

 

La France est absente, lorsque, en 2005, se réunit le premier congrès mondial des aires marines protégées en Australie. Certes, quelques gestionnaires d’AMP pionnières (réunis au sein d’un forum du même nom) occupaient déjà le terrain mais la France n’avait alors que quelques dixièmes de pourcent de surface protégée. Et, même en 2006, quand la plus grande réserve naturelle était créée dans les eaux de Kerguelen, l’espace marin protégé était fortement éloigné de l’objectif de dix pour cent, ambitionné au sommet de la Terre de Johannesburg en 2002.
Aussi, parce qu’il est urgent d’agir, le gouvernement prend en 2006 puis 2007, une série de décisions qui vont booster la politique de protection des aires marines. Il en est ainsi, en 2006, de la création de l’Agence des aires marines protégées. Les catégories d’AMP sur lesquelles elle est compétente sont également arrêtées, un nouvel outil, le parc naturel marin, voit le jour à travers la loi d’avril 2006. L’année suivante la stratégie nationale des aires marines protégées est élaborée. Celle-ci fait d’ailleurs partie du volet marin de la stratégie nationale sur la biodiversité.
 

Impulsion. L’accélération est spectaculaire, toute la palette des AMP est utilisée (voir tableau page 23) : parcs naturels marins et nationaux, réseau Natura 2000 en mer, Conservatoire du littoral… En parallèle, des analyses stratégiques détaillées sont lancées.
Cinq ans après cette impulsion, le bilan est très honorable. Fin 2012, le réseau Natura 2000 a considérablement augmenté, couvrant 40 % des eaux territoriales métropolitaines. Les Parcs nationaux de Guadeloupe (2008) et de Port-Cros (2012) ont été étendus en mer, celui des Calanques a enfin vu le jour (2012), cinq parcs naturels marins ont été créés : mer d’Iroise (2007), Mayotte (2010), Golfe du lion (2011), Glorieuses (2012) et Estuaires picards et mer d’Opale (2012).
Aujourd’hui, les régions ultra-marines (96,4 % des eaux françaises), à l’exception de La Réunion et la Guadeloupe, sont couvertes par des analyses éco-régionales.
En métropole, trois analyses régionales ont abouti à des propositions de mise à l’étude de parcs naturels marins et de protection renforcée (réserve naturelle) en complément du réseau Natura 2000. Toutes les stratégies sur le domaine public maritime du Conservatoire du littoral ont été adoptées en 2008.

Tenir les objectifs. Deux autres parcs ont vu leur enquête publique terminée, l’un sur l’estuaire de Gironde et les pertuis charentais, l’autre sur le bassin d’Arcachon et son ouvert. Un troisième est à l’étude dans le golfe normand-breton.
Les objectifs sont encore renforcés après les Grenelle de l’environnement et de la mer où la stratégie a été révisée. Elle donne lieu à un vrai programme pour les Outre-mers, à une relance des réserves naturelles, à la mise en place d’un nouvel outil de réserve halieutique.
L’accent est mis sur la gestion et l’évaluation ainsi que sur l’articulation entre les différents types d’aires marines protégées.

La mer paye pour la mer. Cette politique doit, elle aussi, participer à l’effort de gestion de la crise et les budgets actuels ne sont pas à la hauteur de l’ambition et des dynamiques en cours. Elles nécessiteraient 150 M€ par an. C’est pourquoi un chantier, en cours, vise la mise en place d’un financement pérenne par les activités les plus à même de porter atteinte à ce milieu tout en en tirant bénéfice. •