Nouvelles technologies

Une commercialisation de la nature ?

 
Le courrier

Charles Dumoulin
Ingénieur écologue

La croissance des smartphones et applications grand public liées au GPS a apporté un changement majeur dans notre société : l’information est accessible constamment ! Il y a quelques années, les connaissances étaient contenues dans les livres. Aujourd’hui, vous êtes dans votre jardin, vous voulez savoir quelle est la meilleure manière de planter des choux ? Tirez votre smartphone de votre poche et tapez dans le moteur de recherche : « comment planter choux. »
Le bouleversement silencieux de notre rapport à l’information est en marche : un futur vertigineux, où les écoliers se serviront de Google plutôt que d’apprendre leurs leçons !
Les exemples sont légion.
Force est de constater l’apparition de ces technologies dans notre environnement professionnel. Ce qui change ? La disponibilité de l’information. Grâce à la géo-localisation, les flashcodes, la réalité augmentée, la reconnaissance sonore ou visuelle ou d’autres programmes, la possibilité d’interagir avec le milieu naturel est à réinventer. De nouvelles activités touristiques ou pédagogiques peuvent être conçues. Une simple photo peut désormais être géo-référencée lors de sa prise et devenir information scientifique. Des laboratoires et des entreprises développent des applications capables de déterminer une espèce par simple enregistrement de son cri ou par reconnaissance à partir d’une photo…
En tant qu’ingénieur écologue, j’ai été amené à travailler pour des projets intégrant ces nouvelles technologies. Cependant, des questions inhérentes aux nouveautés et aux progrès rapides sont très présentes.
Mais ces technologies vont-elles encourager la commercialisation de la nature ? Y a-t-il un danger de perturbation des milieux ou des espèces ? Est-ce la fin des guides du patrimoine ? Ces technologies peuvent-elles remplacer le travail du naturaliste ? Qu’apportent-elles réellement ? Quels champs ouvrent-elles au niveau de l’étude et de la gestion des espaces naturels ?
Votre magazine devrait se pencher sur ces questions. Une présentation précise de chaque technologie, leurs applications concrètes dans le milieu naturel, un retour d’expériences et un éclairage sur leurs limites seraient, je le crois, nécessaires pour bon nombre de vos lecteurs. •