"L’éducation à l’environnement est une affaire de spécialistes, soutient Anne Konitz, responsable de la communication au Conservatoire du littoral. Élaborer des outils pédagogiques relève d’une compétence pointue. En cette matière comme dans d’autres, l’excellence consiste à savoir s’entourer de professionnels avertis et de ne pas croire que l’on possède tous les savoir-faire."
Cette agent au service de la protection des rivages sait de quoi elle parle : le Conservatoire vient de recevoir le Trophée du mécénat d’entreprise pour l’environnement et le développement durable. Un prix délivré par le ministère et saluant la qualité de ses kits pédagogiques en direction des enseignants.
L’idée remonte à trois ans. Jusqu’ici, le fonds d’études scientifiques du Conservatoire du littoral1 était plutôt destiné aux gestionnaires. Normal, puisque tel était l’objet premier de cette banque des recherches accomplies depuis vingt ans. En 2007 cependant, l’établissement s’interroge sur la pertinence de limiter ainsi, l’accès à l’information. Il pense notamment aux jeunes générations qui construiront l’avenir.
L’idée enthousiasme, la concrétisation est plus ardue. Qui viser ? Comment faire ?

Rester pro. Avec des accents de cours d’école, l’agence Kat’cents coups est retenue pour accompagner la naissance du projet. Avec elle, l’idée prend forme.
Le binôme Conservatoire du littoral/Kat’cents coups analyse les données disponibles, réfléchit… décide que le « nouvel outil » visera non pas le public junior mais les enseignants, directement. « Ce sont eux les spécialistes de l’éducation », ajoute encore Anne Konitz qui explique que le rôle des professionnels de la nature n’est pas de se mettre à la place des pédagogues mais de leur fournir des outils performants et pertinents afin qu’ils puissent faire leur métier et éduquer à l’environnement.
Anne Konitz et Sylvie Thevenon, directrice de l’agence conseil, s’entendent bien. Pas étonnant, les deux partenaires partagent les mêmes fondamentaux sur l’importance du professionnalisme.
Kat’cents coups possède une longue expérience dans la conception et la diffusion d’outils scolaires, le Conservatoire possède un fonds d’études nourri, dense, complexe, qui peut soutenir les besoins des programmes nationaux de géographie, de sciences de la vie et de la Terre et d’éducation à la citoyenneté.
« Notre point fort, c’est de nous être vraiment frottés au milieu enseignant », revendique la consultante qui parle ainsi de son ancien métier ; « mon rôle, poursuit-elle, c’est de trouver le meilleur dénominateur commun entre deux univers.
Quand j’entends un témoignage de garde, je me dis : ça serait drôlement bien si les gamins pouvaient l’entendre… on pourrait mener tel ou tel débat, faire telle enquête… lire tel autre article de journal…
Vous savez, ajoute-t-elle, on pense souvent que les enseignants ont déjà des tas de publications à leur disposition. C’est oublier que celles-ci sont produites par des éditeurs qui s’entourent d’enseignants. Sur une multitude de sujets, les éducateurs ont besoin de supports faisant état du point de vue des professionnels. »
Le kit pédagogique en direction des professeurs est finalisé quelques mois plus tard. Il permettra d’expliquer, de sensibiliser, de faire toucher du doigt ce qu’est la pression de l’urbanisation, les services rendus par les zones humides… ou encore l’intérêt écologique du nettoyage manuel des plages. In fine, quatre affiches thématiques assorties d’un DVD Rom, centre de ressources pour l’enseignant : des dizaines de photos, des interviews de gardes, un fonds documentaire…

Évaluation. Qu’a-t-on fait bouger dans les jeunes têtes avec ces 4 500 kits envoyés dans divers collèges de métropole et d’Outre-mer ? Avec certitude, l’impact se mesure au nombre des enseignants qui, tous les jours, « réclament » le kit. Sans compter les petits mots de félicitations ou de remerciements.
Du reste, fort de ce succès, le Conservatoire a développé un outil similaire en direction des primaires. Après évaluation, ce dernier a été enrichi de supports destinés à organiser des débats en classe : qu’est-ce qu’un littoral ? Dans quels cas dites-vous qu’une plage est sale ?… Le sens critique est également au programme.