Faune sauvage

Connaître les risques, organiser la prévention

 
Management - Métiers

Marie-Mélaine Berthelot

La faune sauvage peut transmettre à l'homme des maladies, qu'on soit promeneur ou, a fortiori, professionnel de la nature. La prévention est indispensable pour ces quelques maladies.

Le renard est vecteur de zoonoses comme la tularémie ou l’échinococcose. Peter Parage

Le risque de zoonoses (maladies transmissibles de l’animal à l’homme) existe pour toute activité au contact d’animaux ou de leur environnement, qu’elle s’effectue en milieu naturel ou avec des animaux en captivité. Elles sont nombreuses puisqu'à ce jour on recense plus de huit cents agents responsables de zoonoses. Un chiffre qui pourrait être sous-estimé car certaines pathologies peuvent être asymptomatiques ou présenter un tableau clinique peu spécifique (syndrome grippal, manifestations cutanées bénignes, etc.). D'autres, par contre, peuvent être mortelles (leptospirose, psittacose) ou entraîner des séquelles importantes, (maladie de Lyme). Il est donc important pour les structures employant des personnes amenées à travailler régulièrement sur le terrain, de mettre en place des mesures de prévention en lien avec la médecine du travail, et des formations.

TIQUES, RONGEURS ET CIE

Parmi les vecteurs à surveiller en priorité, on trouve les tiques. Elles vivent dans la végétation et transmettent plusieurs maladies, la plus fréquente étant la borréliose de Lyme. Son incidence est de 10 cas pour 100 000 habitants par an, parfois bien plus, notamment dans le nord-est de la France. Seuls le pourtour méditerranéen et les régions situées à plus de 1 500 mètres d’altitude ne sont pas touchés. La transmission de la maladie a lieu par piqûre indolore. La tique doit rester fixée de 48 à 72 heures pour se nourrir. Plus le temps de fixation est court, plus le risque d’infection est faible. La maladie, silencieuse quinze jours, provoque ensuite une petite rougeur indolore qui s’étend de façon centrifuge et disparaît au bout de quelques semaines. Dans un deuxième temps, en l’absence de traitement, la maladie peut évoluer vers des atteintes neurologiques (fourmillements, paralysie) ou articulaires. Les séquelles peuvent être très invalidantes. L’utilisation de vêtements couvrants, mais aussi l’inspection méticuleuse du corps après l'exposition, constituent la meilleure prévention. L’extraction de la tique avec une pince doit se faire le plus précocement possible. En cas d’apparition de rougeurs caractéristiques à la suite d’une piqûre de tique, il faut consulter un médecin au plus vite. Les tiques peuvent également transmettre d’autres maladies comme l’encéphalite à tique (moins de 100 cas depuis 1968), l’anaplasmose, la babésiose ou la tularémie.

Les rats, ragondins, etc. sont aussi porteurs de maladies graves. En premier lieu, la leptospirose. L'Institut national de veille sanitaire (INVS) a recensé 628 cas en France métropolitaine en 2014 dont 30 % sont d’origine professionnelle. L’animal n’est pas malade, mais excrète des bactéries dans ses urines. Celles-ci survivent longtemps dans les eaux douces. La transmission à l’homme se fait par voie cutanée, essentiellement au niveau de plaies ou microlésions. Toute profession exercée en milieu naturel humide est potentiellement concernée. La leptospirose est une maladie grave, parfois mortelle, qui ne présente pas de séquelles quand elle est soignée suffisamment tôt. Les premiers symptômes sont une fièvre, suivie d’une atteinte hépatique, rénale, ou hémorragique. La prévention consiste à nettoyer toute plaie avec de l’eau propre (et pas une eau de rivière, même limpide, qui pourrait contenir des leptospires) et du savon, puis à la désinfecter. Il est également recommandé aux professionnels concernés de se munir de pansements imperméables et de travailler avec des gants, des bottes et des cuissardes pour aller dans l’eau. Les rongeurs, notamment les campagnols, sont aussi vecteurs de l'hantavirose. 140 cas ont été notés en 2014, en grande partie dans le quart nordest de la France. La contamination se fait par inhalation, par exemple lors de la manipulation de piles de bois ou du nettoyage de locaux inhabités. La maladie se traduit par de la fièvre ainsi que des troubles rénaux et hémorragiques. On peut la prévenir en évitant la mise en suspension des poussières (humidification, etc.).

Autre cas, la tularémie est essentiellement transmise par les lièvres et les tiques. Chaque mode de contamination donne des symptômes qui lui sont propres. On dénombre moins de 50 cas par an, essentiellement chez les chasseurs en contact direct avec du gibier : lièvres, sangliers, lapins, cervidés et renards ; mais également par le biais de piqûres de tiques. En cas de symptômes tels que la fièvre associée à des ganglions de taille augmentée ou une plaie cutanée cicatrisant difficilement, il convient de consulter un médecin et de lui mentionner le contact avec des animaux sauvages.

RARES MAIS GRAVES

Le renard peut être source de l’échinococcose, maladie due à un parasite excrété dans les selles. La contamination a lieu par ingestion de baies, fruits ou légumes crus. Cette pathologie du foie est aussi rare que grave.

La psittacose est une zoonose bactérienne transmise à l’homme par de nombreuses espèces d’oiseaux sauvages, domestiques ou d’agrément. L’homme se contamine par inhalation de poussières contaminées par des fientes d’oiseaux infectés ou par contact étroit avec ces oiseaux.

Depuis 2003, 3 cas de rage humaine ont été diagnostiqués en France, dont un en Guyane française. Des cas de rage canine importés sporadiques surviennent de manière irrégulière en France sans donner lieu à des cas humains. Il est conseillé aux agents en contact avec des chauve-souris d'être vaccinés.

L’hépatite E est une maladie infectieuse due à un virus porté par les animaux réservoirs du VHE (porcs, sangliers, cerfs). La surveillance de l’hépatite E est assurée par le Centre national de référence des virus à transmission entérique (hépatites A et E).

Enfin, parmi les maladies pouvant être contractées en milieu naturel, il faut citer les maladies transmises par les moustiques : la dengue, le chikungunya, etc.