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Espaces naturels n°52 - octobre 2015

L'entretien

Propos recueillis par Marie-Mélaine Berthelot
Annabelle Jaeger, 
conseillère régionale Paca EELV, membre de l'équipe de préfiguration de l'Agence française pour la biodiversité

Annabelle Jaeger

Qu'attendez-vous de la création de l'AFB ? 
J'attends sa création comme un geste politique fort. Il faut que la biodiversité profite enfin d'outils dédiés et visibles pour que tous les acteurs, jusqu'au citoyen, aient un référent vers qui se tourner dans ce domaine. Je suis convaincue que la société est mûre pour s'en saisir. On a besoin de méthode maintenant. Il faut aider l'ensemble des acteurs à agir. Je crois beaucoup à la Stratégie nationale biodiversité, ou à nos stratégies régionales qui sont globales : les espaces naturels sont au coeur, ce sont des lieux essentiels, mais l’on s’intéresse dorénavant aussi à la biodiversité dite ordinaire partout sur les territoires. Nous passons à l'étape suivante, en intégrant la biodiversité à l’aménagement du territoire, avec les partenaires économiques et les citoyens. J'ai l’intime conviction qu'il faut agir avec chacun d'entre eux. Il y a une forte attente à l'égard des gestionnaires d’espaces naturels car c'est le premier réseau d'expertise et de compétence dans le domaine. L'agence doit mieux les valoriser et les mettre en réseau. Il faut capitaliser l'expertise, qu’elle puisse polliniser.

Les collectivités ne sont pas toutes aussi actives dans le domaine, comment pourrait agir l'AFB à ce sujet ?
Il y a de bonnes dynamiques dans les régions, notamment grâce au SRCE. Elles ne vont pas à la même allure, on est au début de l'histoire. Mais on est là au coeur des enjeux majeurs car c'est à cette échelle que se joue la planification. Les régions vont devoir prendre leurs responsabilités pour accompagner et rendre possible leur mise en oeuvre.

Les communes sont aussi très actives et innovantes. On voit des choses géniales dans le milieu urbain, en réponse à une forte demande sociale de bien-être, d'adaptation au changement climatique. Les maires sont souvent créatifs pour y répondre, en lien avec d'autres enjeux : sociaux, santé, esthétique. La « dé-bétonnisation » des espaces publics pour en créer de nouveaux qui soient favorables au lien social, ça a de multiples bénéfices. Par exemple en juin à la Green Week à Bruxelles, le maire de Bristol expliquait que son projet de mandat visait à lutter contre l'agressivité en ville ou le malêtre des habitants en y développant les espaces de nature. Je suis convaincue de cela depuis longtemps.

L'AFB doit aussi avoir un rôle fédérateur, de mise en cohérence et de valorisation de toutes ces expériences. On doit y trouver un appui pour les faire remonter et partager. Chaque jour je me dis : « Quel dommage que telle expérience ne soit pas connue et partagée. »

Qu'est-ce qui vous a amené à participer à la préfiguration de l'AFB ? 
Depuis 2010, je suis conseillère régionale en Paca. J'ai choisi la délégation biodiversité parce que c'est pour moi un sujet de société fort. J'ai travaillé auparavant pendant sept ans à la Fondation Nicolas Hulot après avoir été assistante parlementaire. En Provence-Alpes-Côte d’Azur, la biodiversité est un enjeu important dans un contexte de pressions liées à l'urbanisation et à la pollution, alors que la nature y est particulièrement riche. Je m’investis aussi beaucoup à l'Arpe (Agence régionale pour l’environnement), dont je suis présidente : il y a sur la biodiversité une petite équipe qui accompagne les collectivités et les gestionnaires. Je suis aussi mobilisée au niveau national avec l'association des régions de France, où je participe à un groupe d'élus sur le sujet de la biodiversité. Bref, le fil rouge de ma carrière, c'est l'engagement politique et écologique. D'où mon implication naturelle dans le dossier de l'AFB.